Des employés du centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) de Saint-Lambert-sur-le-Golf estiment que l'enquête qui se tient actuellement dans leur milieu de travail est «biaisée». Selon quatre employés, seuls quelques-uns de leurs collègues, triés sur le volet par la direction, ont jusqu'à maintenant été interrogés par l'enquêteur. Une situation qu'ils jugent déplorable.

«J'aurais aimé rencontrer l'enquêteur. J'ai beaucoup de choses à lui dire. Mais on ne peut pas», déplore une employée qui préfère garder l'anonymat pour ne pas perdre son emploi.

Le consultant André Ducharme, ancien directeur général de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal, a été nommé par l'agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie en décembre dernier afin de faire la lumière sur les événements troublants survenus au cours des derniers mois dans cet établissement, le premier du genre à être construit en partenariat public-privé au Québec.

Au mois de décembre, deux employées du CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf ont été arrêtées et accusées sous de multiples chefs, dont celui de voie de fait sur quatre résidants. Dans la foulée des événements, l'Agence a demandé à M. Ducharme de «vérifier la qualité et la sécurité des soins offerts aux résidants du CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf».

Une autre employée aurait aimé rencontrer M. Ducharme, mais elle s'est jusqu'à maintenant butée à des refus. «La direction choisit les employés qui sont rencontrés», dénonce-t-elle.

La présidente du conseil d'administration du CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf, Nathalie Savoie, n'a pas voulu confirmer cette information, dirigeant plutôt les questions vers l'Agence. «Ce sont eux qui ont tous les détails sur le mandat de l'enquêteur», dit-elle.

La directrice des communications de l'agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie, Christine Daniel, mentionne que l'enquêteur a pleine autorité sur le choix des gens qu'il rencontre. «Il est très présent sur place. Et les gens qui veulent communiquer avec lui peuvent aussi nous appeler et nous lui transmettrons les demandes», dit-elle.

Ratio non respecté

Les employés que La Presse a rencontrés disent qu'ils aimeraient entre autres mentionner à l'enquêteur que les ratios personnel-résidants ne sont pas toujours respectés dans l'établissement. «Il arrive que la nuit, il y ait carrément des ailes à découvert faute de personnel», affirme une employée.

Mme Savoie assure que ces affirmations sont fausses. «On respecte toujours les ratios. Cette information n'est absolument pas vraie. On n'a jamais eu aucun manquement à ce sujet», dit-elle.

Selon l'entente de partenariat public-privé qui lie l'établissement à l'Agence, des amendes doivent être imposées au partenaire privé quand celui-ci ne respecte pas les ratios. Mme Savoie assure n'avoir eu connaissance d'aucun manquement à ce sujet depuis l'ouverture de son établissement, il y a trois ans. Un fait confirmé par Mme Daniel.

«S'il n'y a aucun manquement pour les ratios, c'est qu'on ne dit pas toute la vérité», estime une employée.

Les employés ne sont pas les seuls à critiquer l'enquête en cours au CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf. L'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées (AQDR), l'avocat Jean-Pierre Ménard et la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS) prévoient tenir sous peu une conférence de presse à ce sujet. «Tout ce que je peux vous dire pour l'instant, c'est que nous avons connu de grandes difficultés», mentionne le président de l'AQDR, Louis Plamondon.

Le rapport de l'enquêteur est attendu pour la fin du mois de janvier.