Le Dr Moishe Liberman du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) a réussi une première québécoise, peu avant Noël, en opérant deux patients atteints d'une tumeur thoracique complexe à l'aide d'un robot chirurgical.

Le 22 novembre, Sylvie Chouinard a été opérée par le Dr Liberman. Si elle avait subi une intervention traditionnelle, sa convalescence aurait été très longue. «Mais là, je pense retourner au travail le 6 janvier», affirme cette directrice des communications âgée de 47 ans.

Mme Chouinard a reçu un diagnostic de tumeur paravertébrale il y a un peu plus d'un an. «La tumeur était située entre ma colonne, mes poumons et mon oesophage», raconte-t-elle. Par opération traditionnelle, la tumeur aurait été très difficile à enlever. Mais en chirurgie robotisée, l'exercice n'a pris que cinq heures.

«Une journée après mon opération, j'ai eu mon congé. Avec une opération normale, j'aurais passé deux semaines à l'hôpital», affirme Mme Chouinard.

Un robot coûteux, mais efficace

Le Dr Liberman a opéré Mme Chouinard avec le robot chirurgical Da Vinci, acquis en 2011 pour 3,5 millions de dollars par la Fondation du CHUM. Depuis 2011, 409 patients se sont fait opérer avec cet appareil, mais uniquement pour des pathologies en urologie, en gynécologie et en oncologie. Le robot a par exemple été utilisé pour des ablations de la prostate et des hystérectomies. «On ne l'avait jamais utilisé pour des opérations thoraciques», indique le Dr Liberman.

Les deux opérations du chirurgien ont été un succès. «L'un des principaux avantages est que le robot permet d'opérer en ne faisant que trois petits trous de 8 mm au lieu de devoir faire une incision de 15 cm», note le Dr Liberman. Ce dernier ajoute que le robot offre beaucoup plus de précision. «On opère souvent près du coeur qui bat. Avec le robot, on a plus de contrôle et on ne risque pas de l'endommager», dit-il.

Même si la réussite du Dr Liberman est majeure, le CHUM n'a pas rendu l'exploit public. C'est par contact que La Presse a été mise au courant de la réussite. Le CHUM explique que l'utilisation du robot Da Vinci fait l'objet d'études minutieuses. Car réaliser des opérations avec ce robot coûte plus cher que par voie traditionnelle. «On veut partager le robot intelligemment. Il faut choisir les pathologies pour lesquelles le robot est le traitement le plus optimal, explique la porte-parole du CHUM, Sylvie Robitaille. Nous devons faire une réflexion avant de nous lancer dans une large diffusion.»

Mme Robitaille reconnaît toutefois que les cas comme celui de Mme Chouinard bénéficient grandement de l'intervention par robot. «En fait, puisque les temps de récupération sont plus courts, on économise même de l'argent», croit le Dr Liberman.

Juste avant Noël, Mme Chouinard a appris que la tumeur qui a été retirée de sa cage thoracique n'était finalement pas cancéreuse. «Je suis vraiment chanceuse, dit-elle. En plus, ma convalescence a été courte. Je ne prends plus d'antidouleurs. Je ne sais pas quoi demander de plus!»