Montréal est un parent pauvre en matière de groupes de médecine de famille (GMF), si bien que l'agence de la santé de Montréal s'est donné comme objectif d'en ajouter cinq au cours des trois prochains mois. Encore faut-il que les médecins adhèrent au projet.

Le nouveau directeur des services généraux et des maladies chroniques à l'agence de la santé de Montréal, le Dr Jacques Ricard, est convaincu que c'est l'une des clés pour que les Montréalais aient accès à un médecin de famille.

Les guichets d'accès pour la clientèle orpheline (GACO) représentent une bonne solution pour connaître le nombre de personnes sans médecin de famille et identifier les patients vulnérables. Mais il faut en faire plus, explique le Dr Ricard en entrevue à La Presse.

«Dans les GMF, les médecins ont des ressources supplémentaires et ils sont capables de prendre plus de patients.» Le Dr Ricard se donne pour objectif de faire passer le nombre de GMF à Montréal de 41 actuellement à 46 en mars 2014.

Le défi est de convaincre les médecins d'adhérer au projet. Ils doivent changer leurs méthodes de travail et partager la tâche avec des infirmières et d'autres professionnels.

Voilà plusieurs années que le gouvernement mise sur les GMF pour trouver un médecin de famille aux Québécois. Dans la métropole, plusieurs cliniques-réseau ont ouvert leurs portes, mais l'attrait qu'exercent les GMF demeure quant à lui limité. L'Agence doit maintenant convaincre les médecins qui travaillent seuls dans leur cabinet de se regrouper, croit le Dr Ricard.

Malgré les mesures incitatives financières et l'idée de collaborer avec des nutritionnistes, des infirmières ou des ergothérapeutes pour une prise en charge plus complète, personne ne peut toutefois forcer les médecins à prendre en charge certains patients.

«Il faut que cela se fasse dans un climat de collaboration. On ne peut pas demander à des médecins de prendre des patients avec qui ils ne se sentent pas à l'aise ou à des médecins qui ont déjà un bassin de patients important d'en prendre plus», indique le Dr Ricard.

Certaines clientèles, notamment les personnes âgées en grave perte d'autonomie ou les personnes souffrant d'un problème de santé mentale, ont souvent du mal à trouver un médecin.

«Pour les problèmes de santé mentale, oui, c'est plus difficile», reconnaît le Dr Ricard, persuadé qu'il faut soutenir davantage les médecins. La présence de travailleurs sociaux dans les GMF pourrait certainement les aider, croit-il.

La métropole vit une situation particulière. Les médecins sont un peu plus âgés qu'ailleurs. Du travail est fait, notamment avec les GACO, pour tenter de prendre en charge les patients avant que le médecin prenne sa retraite et ainsi éviter que les patients se retrouvent sans suivi.

Pour améliorer la situation, l'Agence compte aussi uniformiser tous les formulaires et les ordonnances collectives sur son territoire au cours des prochains mois. Actuellement, un médecin doit remplir 12 modèles différents, selon le CSSS où réside le patient, ce qui complexifie la tâche.

Portrait du réseau montréalais

41 GMF

Les GMF sont des cliniques où des médecins travaillent en groupe et en collaboration avec d'autres professionnels, notamment des infirmières. Les patients doivent être inscrits. Des plages horaires de consultations sans rendez-vous sont aussi prévues et doivent totaliser 68 heures par semaine. Pour la clinique sans rendez-vous, certains GMF acceptent seulement les patients inscrits, alors que d'autres acceptent toute la population.

30 cliniques-réseau

Ces cliniques déjà établies où travaillent un groupe de médecins assurent une liaison avec l'agence de la santé et des services sociaux du territoire. Des ententes donnent accès aux plateaux techniques, ce qui permet d'orienter directement un patient qui doit subir des tests diagnostiques. Les heures d'ouverture sont également élargies.

4 cliniques-réseau intégrées

Ces cliniques bénéficient d'un budget supplémentaire, de sorte que le ratio est d'un médecin pour un professionnel. Il peut s'agir d'infirmières, de nutritionnistes, de kinésiologues, etc.