Une étude fédérale montre qu'une faible proportion seulement des cas d'abus sur des personnes âgées investigués par la police se traduisent par des accusations criminelles, car les victimes souhaitent maintenir les liens familiaux, et craignent de se retrouver dans des établissements de soins de longue durée.

Les enquêteurs du ministère de la Justice, qui ont analysé 453 cas de mauvais traitements sur des aînés dans les dossiers de la police d'Ottawa sur une période de cinq ans, ont montré que des accusations avaient été déposées dans 17 pour cent des cas. Il s'agit d'une proportion relativement faible, car en moyenne, le quart des enquêtes de la police mènent au dépôt d'accusations.

Dans plus de la moitié des cas de mauvais traitements contre des aînés n'ayant pas fait l'objet d'accusations, les preuves étaient insuffisantes ou la victime a refusé de collaborer avec la police.

L'étude évoque comme explications possibles un désir de maintenir les liens familiaux, la crainte à l'égard d'une demande d'admission dans un centre de soins et la perte d'indépendance, de même que des facteurs tels que la dépendance financière, les handicaps ou la maladie.

«Les vulnérabilités qui posent un risque de victimisation des Canadiens plus âgés peuvent aussi créer des obstacles aux enquêtes criminelles et à la réponse du système de justice», affirment les auteurs.

Un policier a affirmé aux enquêteurs que les personnes âgées hésitaient à déposer des plaintes contre leur enfant, et que par conséquent, la police passait beaucoup de temps à faire valoir aux aînés les avantages de procéder, incluant l'aide qui est fournie aux victimes de mauvais traitements.

Selon le recensement de 2011, il y a cinq millions de Canadiens âgés de 65 ans et plus - un segment de la population qui croît rapidement, souligne l'étude.

Légèrement plus de femmes (52 pour cent) que d'hommes (48 pour cent) ont été accusées d'avoir infligé des mauvais traitements dans les dossiers à Ottawa, qui couvraient une période de 2005 à 2010 et dont les renseignements personnels ont été retirés avant d'être remis aux chercheurs par la police.

Néanmoins, les femmes représentent 70 pour cent des victimes - probablement car les femmes sont surreprésentées dans le segment de population des aînés, indique l'étude.

Les hommes accusés avaient davantage tendance à cibler des parents ou amis, tandis que les femmes accusées s'en étaient plus souvent prises à des patientes sous leur garde dans une institution, ont déterminé les chercheurs.

L'infraction la plus courante était d'ordre financière, suivie par des mauvais traitements à caractère psychologique, physique et dans une moindre mesure, sexuel. Dans plusieurs cas impliquant les finances d'un aîné, la victime ignorait initialement faire l'objet de mauvaises pratiques.

En plus de la réticence de certaines victimes à intenter des actions en justice, les données ont souvent montré des obstacles aux enquêtes - le plus courant étant des enjeux de santé mentale, suivi par la peur éprouvée par la victime.