Moins facile qu'il n'y paraît de couper dans le gras. Les établissements universitaires tentent tant bien que mal d'appliquer la politique alimentaire, mais se heurtent souvent à une résistance parmi la clientèle qu'ils desservent.

CHUM

Le dernier morceau de sucre

Les frites ont été expulsées de façon relativement naturelle en raison de la rénovation de l'hôpital Notre-Dame et de l'Hôtel-Dieu, l'an dernier. Mais le sucre continue de donner du fil à retordre à l'établissement universitaire. Caroline Loranger, nutritionniste et adjointe aux services alimentaires du CHUM, explique que de l'eau pétillante et des jus pétillants ont pris la place des boissons gazeuses. «Mais il y a eu du mécontentement», admet-elle. On a aussi essayé les smoothies, mais c'est plus cher et la réponse a été moins bonne. Le sucre est le dernier morceau. Pour l'instant, les formats des viennoiseries ont été réduits.

CHU Sainte-Justine

Grogne au rayon des viennoiseries

D'ici un an, un an et demi, le centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine espère parvenir à respecter la politique alimentaire à 100%. En attendant, la friture, les boissons gazeuses et le sucre continuent de régner en rois. «Il y a de la résistance, pour ne pas dire de la grogne, parmi la clientèle, particulièrement au sujet des viennoiseries», explique Josée Lavoie, chef de service des activités d'alimentation. Elle précise cependant que l'hôpital respecte le cadre à 100% auprès des patients aux étages. Quelques changements: du poulet cuit au four, des croquettes précuites, des boissons fruitées, de plus petits formats. «Il y a des habitudes alimentaires à changer», ajoute Mme Lavoie.

CUSM

Frites, boissons gazeuses et sucre

Hôpital général de Montréal. Il y a une queue devant le petit café où trône en roi un gros gâteau au chocolat. Au bout du couloir, on arrive à la cafétéria. Au centre, il y a un menu lumineux avec des images: frites, panures, hot-dogs. Il y a aussi un menu du jour plus santé. Au centre universitaire de santé McGill (CUSM), qui regroupe également l'hôpital pédiatrique pour enfants, on explique que la malbouffe est vendue à des prix plus élevés pour inciter les gens à choisir des aliments santé. Par exemple, un accompagnement de frites est plus cher qu'une salade. «Même s'il est de la responsabilité de chacun de faire des choix de produits alimentaires santé, nous faisons de notre mieux pour faciliter ces choix» souligne Rebecca Burns, de la direction des affaires publiques.

CHU de Québec

La frite résiste

Les frites et la poutine résistent dans les casse-croûte du centre hospitalier de l'Université Laval (CHUL), à l'Hôtel-Dieu et à l'hôpital Saint-François d'Assise de Québec. Faute de pouvoir les interdire, on a retiré les gros formats au printemps dernier. «Ce n'est pas mieux si nos clients vont manger une poutine au restaurant d'en face, illustre Anne Gignac, adjointe à la direction des services techniques du CHU de Québec. On a donc décidé d'y aller graduellement, et de travailler avec notre concessionnaire.» Malgré les apparences, les frites ne sont pas le plus grand défi; c'est plutôt la réduction du sodium. «La politique alimentaire du gouvernement ne peut pas se substituer au plan de soins nutritionnels de nos patients hospitalisés», résume Mme Gignac.

La santé sans sacrifice

Qu'est-ce qu'on peut cuisiner de sain avec un budget d'environ 7$ par personne sans avoir recours à la friteuse, à de mauvais gras, du sel ou du sucre? L'hôpital Maisonneuve-Rosemont a relevé le défi en usant d'imagination, sans sacrifier le goût. Et ce, pour mettre à table des milliers de visiteurs quotidiennement.

Tortilla mexicaine et ses accompagnements 

630 kilocalories (kcal)

29 g de lipides

695 mg de sodium

65 g de glucides

7 g de fibres alimentaires

34 g de protéines

Suprême de poulet gingembre et érable et ses accompagnements

680 kcal

17 g de lipides

1050 mg de sodium

85 g de glucides

6 g de fibres alimentaires

45 g de protéines

Panini au rôti de boeuf et ses accompagnements

850 kcal

21 g de lipides

790 mg de sodium

110 g de glucides

7 g de fibres alimentaires

52 g de protéines