La négligence du conseil d'administration du Centre hospitalier universitaire de Montréal risque de coûter des centaines de milliers de dollars aux contribuables. Le PDG controversé, Christian Paire, plaide qu'il a été renouvelé pour quatre années et non pour seulement douze mois comme le pensaient les administrateurs du CHUM.

Une lettre de M. Paire, obtenue par La Presse, révèle que ce dernier estime avoir légalement le gros bout du bâton pour négocier son départ, exigé par le ministre de la Santé, Réjean Hébert. Le lendemain de la publication du rapport accablant du vérificateur général, M. Paire, le 28 novembre, rappelait au président du conseil, Alain Cousineau, qu'il «n'avait jamais reçu de réponse formelle de la part du conseil d'administration sur le renouvellement de [son] contrat».

«À défaut de recevoir ledit avis dans un délai de 90 jours de la fin du contrat, ce dernier est renouvelé pour un terme de la même durée que celui prévu au contrat initial, je prends acte que celui-ci a été renouvelé pour une durée de quatre ans. Mon contrat reprenant ainsi les normes édictées dans le règlement sur certaines conditions de travail applicables aux hors-cadres.»

Préavis de 90 jours

En clair, le conseil avait un préavis de 90 jours à donner au PDG avant la fin de son contrat. Or, comme personne n'a levé la main, M. Paire plaide, par la voix des procureurs qu'il a retenus, qu'il avait été renouvelé pour quatre ans, que son contrat initial avait été reconduit.

Le conseil d'administration avait pourtant officiellement, le 22 août, «résolu à l'unanimité de renouveler le contrat d'emploi de M. Christian Paire, à titre de directeur général, pour une période d'un an, à compter du 30 novembre 2013». Le conseil mandatait même son président Alain Cousineau de conclure au nom du CHUM et «d'accomplir toute démarche qu'il jugerait utile pour permettre à M. Paire d'obtenir le maximum des bénéfices qui peuvent être rattachés à ce contrat d'emploi conformément à la loi». Mais il semble que cette décision n'avait pas été transmise de façon officielle au directeur général, Christian Paire.

Situation embarrassante

La différence risque de coûter cher aux contribuables. La semaine dernière, le conseil imaginait que le départ de M. Paire pourrait coûter huit mois de son salaire annuel de 350 000$, deux mois de salaire pour chacune des quatre années de service. Or, s'il doit racheter un contrat de quatre ans, le gouvernement se trouve dans une situation bien plus embarrassante. La bévue du conseil risque aussi d'accélérer le départ d'Alain Cousineau comme président, un départ déjà demandé à mots couverts par le ministre Hébert lors de sa rencontre avec les dirigeants du CHUM mercredi dernier.