Les irrégularités mises au jour touchant la rémunération de certains dirigeants d'hôpitaux, dont le Centre hospitalier de l'Université de Montréal, ont poussé le ministère de la Santé à procéder à une vaste vérification dans tout le réseau.

Selon ce que La Presse a pu apprendre, une note a été envoyée au cours de l'été à toutes les directions des centres hospitaliers de la province pour leur rappeler les normes en matière de classification et de rémunération des cadres et des hors-cadres du réseau de la santé.

Le Ministère a aussi demandé à chaque établissement de lui divulguer la rémunération, les primes et les bonis versés à tous les dirigeants des centres hospitaliers, les cadres supérieurs ainsi que les médecins qui ont une charge administrative.

Les révélations faites au cours des derniers mois concernant la rémunération du directeur général du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, Christian Paire, qui aurait notamment profité de primes que le Ministère considère comme illégales, ont braqué les projecteurs sur cette question.

Le Ministère a alors été informé que dans plusieurs établissements, «c'est comme cela que ça se passe», explique une source à La Presse. Par exemple, a-t-il appris, un dirigeant qui estimait ne pas être suffisamment rémunéré a quitté le service pour être embauché à forfait, ce qui lui a permis d'augmenter son salaire.

Vérificateur général

Le vérificateur général du Québec, Michel Samson, s'est attardé sur cette question au cours de l'examen qu'il a mené au CHUM. Son rapport est attendu à la fin du mois. En ce qui concerne les autres établissements, ce sera au Ministère de faire la lumière sur ce qui se passe.

«Le Ministère dresse un portrait pour l'ensemble du réseau», a ainsi confirmé Ariane Lareau, l'attachée de presse du ministre de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert.

«L'objectif est de s'assurer une compréhension commune des règles et une équité dans la classification salariale», a-t-elle précisé.

La vérification est en cours, mais elle pourrait se poursuivre un certain temps. Plus d'un millier de cas doivent être revus et analysés.

«Le processus n'est toujours pas terminé. Ça pourrait encore prendre quelques semaines. Une fois qu'on aura le portrait, on pourra parler des mesures mises en place», a indiqué Mme Lareau sans pouvoir en dire davantage.

Remboursements

Selon ce qu'il a été possible d'apprendre, il n'est pas exclu que les cadres et hors-cadres doivent procéder à des remboursements s'il s'avère qu'ils ont profité d'une rémunération supérieure à ce qui est prévu à la classification prévue par Québec.

Dans le cas du CHUM, l'Agence de santé de Montréal a exigé plus tôt cet automne le remboursement d'une prime au rendement totalisant 69 000$ qui a été versée au directeur général Christian Paire pendant trois ans. Le CHUM conteste toutefois cette interprétation de la loi.

En août, l'Agence a aussi blâmé le CHUM pour le versement de primes et de montants forfaitaires injustifiés versés à 10 cadres. L'Agence avait alors exigé la suspension immédiate du versement de ces bonifications salariales.