En 10 ans, le nombre de cadres du réseau de la santé a augmenté de plus de 30%, ce qui représente près de 3000 personnes de plus - une hausse plus rapide que celle des employés. Ainsi, alors que le nombre de cadres grimpe de 3% par année, le nombre d'employés syndiqués n'augmente que de 2% en moyenne, indiquent les chiffres du ministère de la Santé et des Services sociaux.

En 2002-2003, le réseau des établissements de santé comptait 9365 employés cadres. Ils étaient 12 202 en 2010-2011, la dernière année complète pour laquelle les chiffres sont publiés. Dans les 92 centres de santé et de services sociaux (CSSS) et les établissements privés, conventionnés, le taux d'encadrement augmente lentement pour atteindre environ 23 employés par cadre. Dans les agences de la santé, si on ne tient pas compte du volet santé publique, on est à 5 employés par cadre, soit 230 cadres pour 936 employés.

«C'est normal que pour des fonctions administratives, il y ait un taux d'encadrement plus grand dans les agences», explique Réjean Hébert, ministre de la Santé, interrogé sur ces chiffres par La Presse. «Il y a eu une commande de faite dans le réseau pour diminuer les services administratifs et prioriser les services cliniques. Il faut rester vigilant, j'attends les prochains chiffres, ceux de 2012-2013, dont je serai responsable», a déclaré le ministre, en poste à la Santé depuis un an. Les coûts administratifs du réseau seront réduits cette année de 220 millions, une commande passée dans les premières semaines du gouvernement Marois. «Et on va y arriver sans toucher aux services cliniques», soutient M. Hébert.

Le réseau doit entreprendre un virage important: ses cadres sont âgés, et d'ici cinq ans, la moitié des patrons - 5000 personnes - auront pris leur retraite et devront être remplacés.

L'augmentation du nombre de cadres a fluctué depuis 10 ans, au gré des réformes. En 2003, la loi avait forcé à réduire à quatre le nombre d'unités d'accréditation syndicale; certains employés étaient alors entre deux chaises, et bon nombre d'entre eux sont devenus cadres. Cette situation a fait grimper de près de 10% le nombre de cadres en deux ans, soit en 2005-2006 et en 2006-2007.

Les 12 000 cadres actuels sont dans plusieurs catégories. D'abord, 10 000 d'entre eux sont des cadres fonctionnels ou des chefs de service en lien avec les soins. Le groupe des cadres supérieurs compte 1650 personnes, une augmentation de 2% par année. Pour les directeurs généraux et leurs adjoints - les «hors cadres» -, il faut ajouter 350 personnes. Ce dernier groupe a diminué - une décroissance liée aux fusions d'établissements. Ils étaient 500 au début de la décennie.

Le taux d'encadrement pour ces patrons qui sont responsables de salariés n'a pas beaucoup fluctué - environ 23 employés par cadre.

L'apparition des «commissaires aux plaintes» a entraîné l'ajout d'un cadre supérieur, parfois avec un adjoint cadre intermédiaire pour chaque établissement. Il s'agit d'une exigence de la loi.

Par ailleurs, plusieurs politiques nationales ont été mises en place - la lutte contre les infections nosocomiales, par exemple -, ce qui nécessite des experts cliniques pour des opérations confiées à des «conseillers cadres» et des «conseillers cliniques». Ces derniers vérifient la qualité des services et la gestion des risques. Ils n'ont pas de responsabilité hiérarchique et pas de contrôle sur d'autres employés. C'est ce contingent qui est le principal responsable de l'augmentation du nombre de cadres. Ce groupe a grimpé rapidement de 400 personnes, et il représente maintenant 17% de l'ensemble des cadres.

-Avec la collaboration de Serge Laplante