Une coalition de groupes pour la prévention du sida et la réduction des risques renouvelle son appel en faveur de l'implantation de programmes d'échange de seringues dans les prisons canadiennes.

La coalition soutient que de tels programmes, qui donneraient accès à des seringues propres aux détenus qui s'injectent des drogues, ne ferait pas que les protéger des risques d'infection, mais préviendrait aussi la propagation de maladies après leur libération.

Présentement, les prisons canadiennes ne permettent pas la distribution de matériel d'injection stérile et le gouvernement fédéral a affirmé à répétition qu'il ne planifiait la mise en place de tels programmes, malgré leur succès dans d'autres pays.

Le gouvernement Harper affirme qu'il a une politique de «tolérance zéro» pour les drogues illicites dans les établissements de détention.

Selon les experts, les taux de VIH et d'hépatite C dans les prisons sont «astronomiquement plus élevés» que dans la population canadienne en général, et l'injection de drogues semble être un facteur déterminant.

Un groupe de militants, d'experts et au moins un ancien prisonnier espère faire avancer le débat grâce à une table de discussion, qui s'est réunie vendredi à Toronto.

«Nous fermer les yeux sur le problème n'aidera pas. Les gens continueront de contracter des infections et ce sont des maladies mortelles», a déclaré Sandra Ka Hon Chu, une analyste politique au Réseau juridique canadien VIH/SIDA.

«Nous pensons qu'il est urgent d'en discuter et de partager avec le public beaucoup de preuves qui appuient ces programmes.»

Le groupe de Mme Chu, ainsi que trois autres organisations de prévention du sida et un ancien prisonnier fédéral, ont déposé une poursuite judiciaire contre le gouvernement fédéral l'an dernier. La poursuite allègue que l'absence de programmes d'échange d'aiguilles et de seringues dans les prisons canadiennes ne respecte pas le droit des prisonniers à la santé.

Les prisons fédérales fournissent aux détenus du javellisant qui peut être utilisé pour nettoyer les seringues partagées, ce qui, selon les groupes de prévention, prouve que le gouvernement reconnaît que la consommation de drogue existe dans les prisons.

Un porte-parole du ministre de la Sécurité publique Steven Blaney a affirmé que le gouvernement «ne considérerait jamais de mettre des armes, telles que des aiguilles, entre les mains de contrevenants potentiellement dangereux».