La Coalition des médecins pour une justice sociale promet de contester devant les tribunaux la Loi 52 sur les soins de fin de vie, qu'elle qualifie d'euthanasie légalisée, si jamais celle-ci est adoptée.

En conférence de presse, mardi, le président de la Coalition, le docteur Paul Saba, a reproché au gouvernement du Québec de choisir une voie facile et économique.

«Ça donne l'apparence qu'il veut économiser de l'argent parce que ça coûte environ 10$ pour piquer quelqu'un à mort et ça coûte des milliers de dollars de donner des soins palliatifs comme il faut et ça coûte des millions et des millions pour donner aux gens ce dont ils ont besoin: des médecins de famille, des soins qui sont nécessaires (...) Je trouve ça inacceptable et écoeurant», s'est-il exclamé.

De plus, selon lui, les médecins qui accepteront de mettre fin aux jours d'un patient s'exposeront à des poursuites criminelles puisqu'une loi provinciale ne peut rendre inopérant le Code criminel fédéral qui interdit de causer la mort d'un autre individu.

Quoi qu'il en soit, la Coalition compte déjà demander la permission d'intervenir devant la Cour suprême si celle-ci est appelée à revoir une décision récente de la Cour d'appel de Colombie-Britannique qui a statué que le suicide assisté demeure illégal dans cette province.

Pour sa conférence de presse, la Coalition avait aussi invité un médecin belge, le docteur Georges Casteur, qui est venu décrire les dérives d'une loi similaire, adoptée il y a 10 ans en Belgique.

Il a cité quelques exemples, notamment celui d'une femme de 64 ans qui s'est fait euthanasier en Belgique pour une dépression à la suite d'une rupture conjugale ou encore d'une jeune femme de 25 ans souffrant d'anorexie nerveuse qui a réclamé et obtenu une euthanasie à la suite d'une relation sexuelle avec son psychiatre.

Selon lui, le Québec ne pourra éviter de tomber dans le même piège.

«Très vite cette loi évoluera vers une pente glissante», a-t-il soutenu. «Le premier pas, on accepte de mettre dans une loi que quelqu'un qui n'a plus que 24 heures à souffrir, on peut lui donner la mort. Le deuxième pas c'est: pourquoi, quelqu'un qui n'a que 24 heures à souffrir aurait droit à la mort, mais quelqu'un qui aurait 24 années à souffrir n'y aurait pas droit?»

Selon le docteur Casteur, ces dérives sont inévitables avec le temps puisque le mouvement porte toujours vers l'élargissement des critères et non l'inverse.

«On ne peut pas faire de loi minimale en ce qui concerne l'euthanasie. On ne peut pas faire de loi qui permet un petit peu l'euthanasie. Ce n'est pas possible», a-t-il conclu.