Environ le tiers des Québécois âgés de 15 ans et plus souffrent d'une incapacité et, chez un sur dix, il s'agit d'une incapacité modérée à grave

L'Institut de la statistique du Québec a dévoilé jeudi un bilan détaillé des personnes qui vivent avec différentes incapacités, qu'il s'agisse d'incapacités touchant la vue, l'ouïe, la parole, la mobilité, la mémoire ou autres. Cela inclut aussi les déficiences intellectuelles et les troubles d'apprentissage. Près de 24 800 personnes ont été interrogées dans le cadre de cette enquête.

La proportion de personnes ayant une incapacité, soit 33 pour cent, est plus élevée que ce que des études précédentes avaient révélé, a-t-on indiqué à l'Office des personnes handicapées. Mais cela peut être attribué en partie à des différences méthodologiques, particulièrement pour les incapacités légères. On y parle d'incapacité de longue durée, soit de six mois et plus. La proportion de gens ayant une incapacité modérée à grave, en effet, varie peu d'une étude à l'autre.

«Il y a différents facteurs qui expliquent cette augmentation-là. Il y a la méthodologie des enquêtes qui est différente. Mais il y a aussi un autre aspect: il semble y avoir une augmentation parce que les gens sont moins gênés de dire, sont plus ouverts à dire qu'ils ont une incapacité», avance en entrevue Lucie Dugas, conseillère experte en évaluation à l'Office des personnes handicapées.

«C'est intéressant. On a remarqué que les gens étaient moins fermés par rapport à ça, qu'il y avait peut-être moins de conséquences pour eux de dire qu'ils ont une incapacité», ajoute-t-elle.

Mme Dugas cite également un autre facteur qui explique cette augmentation: de meilleurs diagnostics.

Et le fait que, de façon générale, les Québécois vivent plus vieux, influence également ces statistiques sur les incapacités.

Un peu plus de la moitié de ces personnes ont une seule incapacité. Le quart en ont deux; 11 pour cent en ont trois et 8 pour cent en ont quatre ou plus. Chez les personnes de 85 ans et plus qui ont une incapacité, la moitié ont même trois incapacités ou plus.

Mme Dugas souligne également le fait que parmi les incapacités, «on observe qu'il y a vraiment une augmentation des troubles d'apprentissage, surtout chez les jeunes». Un jeune sur huit en souffrirait. On parle ici de troubles comme le déficit d'attention et la dyslexie. «C'est vraiment beaucoup», opine Mme Dugas.

La prévalence des troubles envahissant du développement (TED), cependant, serait «à peu près stable» d'une étude à l'autre, note-t-elle.

Accès à un médecin

Par ailleurs, l'enquête de l'Institut de la statistique du Québec laisse aussi voir que l'accès à un médecin de famille est un peu plus grand pour ces personnes avec incapacité que pour les citoyens en général. Elles sont ainsi 85 pour cent à avoir accès à un médecin de famille, contre environ 75 pour cent dans la population en général, a noté Mme Dugas.

Elle souligne que cette statistique révèle tout de même que 15 pour cent des personnes qui ont une incapacité n'ont pas de médecin de famille.

Et 11 pour cent des personnes qui ont des incapacités et n'ont pas de médecin de famille ressentent le besoin d'en avoir un.

Mme Dugas rappelle que les besoins en soins et services sont multiples et que les personnes, souvent, souhaitent vivre chez elles le plus longtemps possible.