Des inspecteurs de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) ont visité l'hôpital Santa Cabrini en mai dernier et demandé de voir certains contrats informatiques, a appris La Presse.

L'UPAC s'est penchée plus précisément sur les contrats de gré à gré signés pendant les années 2011, 2012 et 2013 avec les entreprises McKesson Informatique, Médisolution et Logibec.

«L'UPAC avait des préoccupations sur le processus décisionnel ayant mené à l'attribution de certains contrats. On a fourni l'information nécessaire», affirme le porte-parole de l'hôpital Santa Cabrini, Rocco Famiglietti.

Ce dernier explique que les contrats visés touchaient principalement des mises à jour de logiciels déjà présents dans l'hôpital. «On ne pouvait pas aller à l'extérieur de ces fournisseurs», dit-il.

Même si les événements remontent au printemps dernier, l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal n'a été informée qu'hier matin, par une note de service, du passage de l'UPAC à l'hôpital Santa Cabrini.

«L'établissement collabore. C'est ce qui est important», affirme la porte-parole de l'Agence, Lise Chabot.

De son côté, l'UPAC ne peut confirmer ni infirmer qu'une enquête est en cours à l'hôpital Santa Cabrini. Mais la porte-parole, Anne-Frédérique Laurence, indique que les contrats informatiques en général sont dans la ligne de mire de l'UPAC. Dans son bilan 2012, le commissaire Robert Lafrenière avait même déclaré: «La corruption ne concerne pas que le milieu de la construction et notre champ d'intervention est vaste. Nos enquêtes nous mènent vers des milieux tout aussi variés que l'informatique, le milieu hospitalier...»

La société McKesson n'a pas rappelé La Presse. Tout comme Logibec. Le vice-président ventes et marketing pour Médisolution, Marc Brunette, a dit ne pas être au courant de la situation.

Contrats douteux

Au cours des dernières années, le vérificateur général du Québec a souligné à plusieurs reprises les lacunes dans l'attribution de contrats informatiques au gouvernement.

Dans son rapport 2012-2013, il a souligné que trois firmes avaient décroché 46% de tous les contrats informatiques du gouvernement en 2009-2010 et en 2010-2011. Dans 36 des 38 contrats évalués par le vérificateur général, la neutralité du comité de sélection était remise en question.

En janvier dernier, le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) a réclamé une enquête publique sur l'attribution des contrats informatiques par le gouvernement.

Plus de 500 millions de dollars sont dépensés chaque année par le gouvernement en contrats informatiques.