Craignant les impacts négatifs, les hôpitaux pressent le gouvernement de ne pas les assujettir au volet de la Charte des valeurs qui interdit le port de signes religieux ostentatoires. Une demande balayée d'un revers de main par Québec.

L'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) a récemment sondé ses membres pour connaître leur position par rapport à la Charte des valeurs.

Il en ressort clairement qu'aucun problème «significatif» lié aux accommodements religieux ou au port de signes religieux ostentatoires n'est vécu dans les hôpitaux, les centres d'hébergement et de soins de longue durée ou les instituts.

«On ne voudrait pas créer des problèmes là où il n'y en a pas», explique la directrice générale de l'AQESSS, Diane Lavallée. Selon l'organisation, l'interdiction du port de symboles religieux ostentatoires comme la kippa ou le hijab risque «de créer davantage de problèmes que d'en régler».

Les établissements de santé et de services sociaux appréhendent l'interdiction éventuelle du port de signes religieux. «Ils craignent que cette interdiction génère des effets négatifs sur le recrutement et la rétention du personnel», indique Mme Lavallée.

Encadrement souhaité

Les accommodements religieux ne semblent pas non plus poser problème, selon la consultation menée par l'AQESSS. Toutefois, la moitié des répondants souhaitent plus d'encadrement pour uniformiser le traitement des demandes. «L'AQESSS se montre favorable à l'établissement de balises», affirme aussi Mme Lavallée.

Les demandes de l'AQESSS ne trouvent toutefois pas d'échos à Québec. «La clause de retrait, c'est d'abord et avant tout une mesure de transition», a rappelé le ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, Bernard Drainville. «On veut permettre aux établissements de santé, notamment, de prendre le temps de s'ajuster, mais on ne veut pas que la clause de retrait soit utilisée pour se sortir systématiquement de la neutralité religieuse.»

Son collègue Réjean Hébert, ministre de la Santé, s'est pour sa part dit «étonné» que les demandes d'accommodement ne posent pas davantage problème. Il croit que l'expression «problèmes significatifs» utilisée pour la consultation laisse place à l'interprétation. «Les gens sous-estiment les difficultés», croit-il.