Le gouvernement du Parti conservateur lancera, ce mardi, un toute nouveau secteur commercial d'une valeur de 1,3 milliard $ qui devrait permettre à quelque 450 000 Canadiens d'avoir accès à de la marijuana à des fins thérapeutiques de qualité contrôlée.

À compter de lundi et jusqu'au 31 mars 2014, Santé Canada éliminera progressivement l'ancien système qui dépendait principalement de la marijuana produite à domicile, à petite échelle et de qualité variable, souvent détournée illégalement vers le marché noir.

La méthode actuelle d'accès à la marijuana à des fins médicinales sera remplacée par le recours à des producteurs commerciaux autorisés et agréés par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui pourront produire plusieurs variétés de la drogue, le tout offert au prix que le marché pourra supporter. Les premières ventes devraient commencer au cours des prochaines semaines, et elles seront livrées par courrier sécuritaire.

«Nous sommes relativement confiants de voir, au fil du temps, un secteur commercial sain», a déclaré Sophie Galarneau, une haut fonctionnaire de Santé Canada, en entrevue à La Presse Canadienne.

«La situation sera complètement différente.»

La naissance d'une production de marijuana à grande échelle, dans un contexte de libre-marché, surgit au moment où les conservateurs clouent au pilori la campagne du chef du Parti libéral, Justin Trudeau, afin de légaliser la marijuana à des fins récréatives.

Santé Canada ne fixe aucune limite quant au nombre d'installations, qui devront être munies de chambres fortes et de systèmes de sécurité. La production à l'intérieur de maisons privées sera interdite. Les importations venant de pays tels les Pays-Bas seront toutefois permises.

Déjà, depuis le mois de juin, 156 firmes ont présenté des demandes pour obtenir le statut de producteur lucratif et de distributeur, et les deux premiers permis ont été délivrés la semaine dernière.

L'ancien système n'aura généré qu'une industrie artisanale, grâce à laquelle 4200 producteurs autorisés pouvaient desservir un maximum de deux patients chacun. La GRC a souvent dénoncé ces installations de culture de la marijuana, affirmant qu'elles servaient de façade aux organisations criminelles.

Les six prochains mois permettront de compléter la transition vers le nouveau système, et Santé Canada encouragera les utilisateurs de marijuana à des fins médicinales à s'inscrire en vertu du futur régime et à commencer à acheter auprès des nouvelles exploitations agricoles.

À l'heure actuelle, Santé Canada établit à 37 400 le nombre d'usagers de marijuana à des fins thérapeutiques, mais des responsables estiment que ce total décuplera, au minimum, pour atteindre 450 000 utilisateurs d'ici 2024.

Les profits potentiels sont énormes. Un gramme de marijuana séchée se vend environ 10$ dans la rue, et Santé Canada évalue que la drogue légale s'écoulera au coût moyen de 7,60$ l'année prochaine, alors que les producteurs pourront fixer les prix sans obstruction du gouvernement.

Selon des estimations du gouvernement fédéral, les revenus issus de ce nouveau secteur atteindront 1,3 milliard $ par année en 2024.