Les cigarettes électroniques sont moins inoffensives qu'il n'y paraît. Particulièrement populaires chez les jeunes, elles contiennent souvent de la nicotine même si leur emballage indique le contraire, ne font l'objet d'aucune réglementation et suscitent beaucoup d'inquiétude.

Plusieurs voix s'élèvent pour réclamer, comme cela s'est fait ailleurs, que la vente de cigarettes électroniques soit interdite aux mineurs.

L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) vient de rendre public un état de situation sur la cigarette électronique qui conclut «que plusieurs questions demeurent sans réponse, dont les effets sur la santé, les bénéfices potentiels, les risques à court terme et à long terme, la possible dépendance à la nicotine et les caractéristiques sensorielles du produit et l'impact du marketing sur l'acceptabilité sociale et la banalisation de ces produits».

Le «Far West»

Données en main, la division du Québec de la Société canadienne du cancer met quant à elle la population en garde par rapport au contenu réel des produits.

«C'est le Far West actuellement», dénonce Mélanie Champagne, directrice des questions d'intérêt public à la Société canadienne du cancer, division du Québec.

L'organisation a fait analyser par un laboratoire de l'Université de Montréal le contenu de 13 produits. Les résultats démontrent que dans la majorité des cas, l'étiquetage est erroné.

Les deux tiers (six sur neuf) des cigarettes électroniques qui portaient la mention «sans nicotine» en contenaient.

Quant aux cigarettes électroniques avec nicotine achetées sur l'internet, elles présentaient des taux de nicotine inférieurs à ce qui était indiqué sur l'étiquette.

Ces dernières sont vendues pour aider à cesser de fumer, mais si elles ne contiennent pas une dose de nicotine suffisante, elles ne peuvent avoir l'effet escompté.

Des études menées par la Food and Drug Administration aux États-Unis de même que des études citées par l'INSPQ rapportent la même situation.

La Société canadienne du cancer s'alarme principalement du fait que ce sont les jeunes qui sont attirés par les cigarettes électroniques, comme le révèle un sondage omnibus qu'elle a commandé à la firme Léger.

L'organisation souhaite notamment que le contenu des cigarettes électroniques fasse l'objet d'une réglementation et que la publicité soit encadrée. Aux États-Unis, de la publicité est affichée sur les abribus et il est courant de voir des vedettes avec une cigarette électronique aux lèvres, rapporte Mme Champagne.

Dans son rapport, l'Institut national de santé publique note d'ailleurs «qu'aucun constat ou conclusion généralisable ne peut être fait quant à l'efficacité des cigarettes électroniques pour aide à la cessation tabagique».

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Attrayantes pour les jeunes

24%  : Pourcentage des répondants de 18 à 24 ans qui ont utilisé une cigarette électronique au cours de la dernière année, contre 9% pour l'ensemble des répondants.

40%  : Pourcentage des répondants, tous âges confondus, qui ont dit utiliser la cigarette électronique pour arrêter de fumer, contre seulement 25% chez les 18-24 ans.

60% : Pourcentage des répondants de 18 à 24 ans qui ont affirmé avoir utilisé la cigarette électronique par plaisir ou par curiosité, contre 47% pour l'ensemble des répondants.

10% : Pourcentage des répondants de 18 à 24 ans qui ont utilisé la cigarette électronique pour essayer les différentes saveurs, contre 6% pour l'ensemble des répondants.

Sondage omnibus mené par la firme Léger à la demande de la Société canadienne du cancer, division du Québec, auprès de  2000 répondants.

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Qu'est-ce que la cigarette électronique?

Il s'agit d'un dispositif électronique relativement nouveau qui «diffuse une solution liquide sous forme de vapeur inhalée par l'utilisateur». Les gens ont l'impression de fumer, si bien que l'industrie du tabac présente cette cigarette comme un produit pour aider à cesser de fumer. Les cigarettes électroniques avec nicotine sont illégales au Canada, car elles ne font l'objet d'aucun encadrement de la part de Santé Canada. Il est toutefois possible de s'en procurer facilement sur l'internet. La vente de cigarettes électroniques sans nicotine ne fait l'objet d'aucune réglementation, pourvu qu'elles ne soient pas présentées comme un outil pour cesser de fumer. Elles sont offertes en plusieurs saveurs et on les trouve sans mal dans de nombreux commerces, dont les dépanneurs. Il n'existe aucune norme de fabrication, si bien que le contenu exact des cigarettes électroniques est souvent inconnu.

Source: Institut national de santé publique du Québec.