Les groupes anti-tabac prônent la ligne dure: interdiction de fumer sur les terrasses ou dans une voiture avec des enfants, interdiction des saveurs comme le menthol et moratoire sur les nouveaux produits.

«Le taux de tabagisme stagne à 24% au Québec depuis quelques années», déplore Mario Bujold, directeur général du Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS). Le Plan de lutte contre le tabagisme 2012-15 espère réduire ce taux à 16%.

Le CQTS comparaissait mercredi à la commission parlementaire pour réviser la Loi sur le tabac, qui n'a pas changé depuis 2005. Le ministre de la Santé, Réjean Hébert, veut la mettre à jour.

Les groupes anti-tabac veulent de nouvelles armes. Le CQTS et la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) souhaitent qu'on ne puisse plus fumer sur les terrasses de bars et de restaurants, ni dans les voitures où se trouvent des enfants de 16 ans et moins. Cette dernière mesure existe déjà dans les autres provinces canadiennes.

La fumée secondaire est nocive, rappelle le CQTS. Il y a trois semaines, le chercheur Paul Kennedy de l'Université Johns Hopkins de Baltimore a mesuré le niveau de particules fines sur des terrasses montréalaises. Le niveau (332 ug/m3) était sept fois supérieur à celui de la «pire journée de smog» à Los Angeles (70 ug/m3).

Ces groupes veulent aussi qu'on standardise les emballages de cigarettes, comme c'est le cas en Australie, afin d'empêcher les stratégies de marketing. Ils veulent de plus interdire les produits aromatisés, y compris les menthols, et décréter un moratoire sur les nouveaux produits.

Le Directeur de la santé publique de Montréal (DSPM) partage ces demandes. Il souhaite en outre interdire les salons de chicha, augmenter la taxe sur le tabac et imposer un prix minimum de 20$ pour tout achat de produit de tabac autre que les cigarettes, afin de décourager entre autres la consommation de petits cigarillos aromatisés.

Le Réseau de sport étudiant du Québec (RSEQ) souhaite aussi assujettir les cigarettes électroniques à la Loi sur le tabac.

Imperial Tobacco Canada a plaidé qu'il faudrait plutôt s'attaquer aux contrebandiers qui vendent des cigarettes aux mineurs sans payer de taxes ni respecter les nouvelles normes d'affichages, et qui financent le crime organisé. «Pour une entreprise citoyenne respectueuse des lois, le niveau d'hypocrisie devient très frustrant», a lancé son porte-parole Éric Gagnon.  

L'Association québécoise des dépanneurs en alimentation propose aussi de s'attaquer d'abord à la contrebande. Selon elle, plus on ajoute de règlements et de taxes, plus on encourage le «fléau» de la vente au noir. D'après les chiffres du ministère des Finances, 150 000 paquets de cigarettes de contrebande sont vendus chaque jour.