La société pharmaceutique Sandoz est contrainte de limiter, à compter d'aujourd'hui, l'approvisionnement de certains médicaments dans les hôpitaux en raison d'une baisse de production prévue pour les prochaines semaines à son usine de Boucherville.

Selon ce qu'a appris La Presse, 18 produits sont touchés par cette mesure. La liste sera dévoilée plus tard cette semaine. Avec cette mesure, Sandoz espère éviter une rupture de stock comme celle qui a entraîné une crise dans les hôpitaux québécois au printemps 2012.

Les pharmacies d'hôpitaux se verront imposer des allocations pour les produits visés, souvent des médicaments de la même famille. Ces allocations sont en quelque sorte des quotas déterminés pour chaque hôpital en fonction de son historique d'achats.

Sandoz Canada est le principal fournisseur de plusieurs médicaments injectables utilisés dans les hôpitaux, notamment en chirurgie et pour les soins critiques.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux est au courant de la situation depuis peu, explique la porte-parole Karine White. «En collaboration avec nos partenaires, le Ministère déploiera les efforts nécessaires afin de minimiser les impacts potentiels sur le réseau.»

L'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) a quant à lui été informé de la situation au cours des derniers jours. «Cette fois, Sandoz nous informe à l'avance, ce qui est positif. Ça faisait partie des choses qu'on demandait», indique Diane Lamarre, présidente de l'OPQ.

Le milieu souhaite être informé plus longtemps à l'avance de possibles ruptures de stock, de façon à ce que les autres fabricants puissent prendre le relais.

Dans un rapport conjoint piloté par l'OPQ en 2012, plusieurs organisations avaient ainsi recommandé un délai de six mois lorsqu'une société pharmaceutique prévoit une rupture de stock - et jusqu'à un an lorsqu'il s'agit d'un arrêt volontaire de la production.

Dans le cas présent, il reste à voir si l'initiative de Sandoz permettra d'éviter une rupture de stock, indique Mme Lamarre, qui attend toutefois de voir la liste des médicaments touchés.

«C'est une mesure qui nous apparaît efficace, mais ça dépend des produits qui sont soumis aux allocations et de la capacité des autres fabricants de préparations stériles, s'il s'agit des médicaments injectables, à pallier cela.»

Plusieurs facteurs expliqueraient la décision de Sandoz, dont un arrêt de production prévu sur une partie de la chaîne pour se conformer aux directives de la Food and Drug Administration, qui avait inspecté l'usine en 2011.

Avisé par Sandoz du retour des allocations dans les hôpitaux, SigmaSanté, le plus important groupe d'achat de médicaments au Québec, entend pour sa part rester vigilant.

«Même si on est relativement rassuré, la question se pose quand même. Est-ce le début d'un problème plus grave? On nous dit que non», affirme Jean-François Bussières, président du comité des pharmaciens chez SigmaSanté et chef de la pharmacie au CHU Sainte-Justine.

Les hôpitaux peuvent généralement compter sur une réserve d'un mois. Mais cet équilibre peut être perturbé par un patient qui a besoin de plus de médicaments, par exemple.

«Ça devrait aller, mais la situation ne nous amuse pas du tout. Ça reste préoccupant de voir des événements comme cela, et ce qui est difficile, c'est que nous n'avons pas toute l'information», ajoute M. Bussières.

Il n'a pas été possible de parler à un porte-parole de Sandoz, hier.

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Retour sur la crise de 2012

En février 2012, les hôpitaux québécois ont été frappés par une crise sans précédent. La société pharmaceutique Sandoz a interrompu la production à son usine de médicaments génériques de Boucherville pour procéder à des correctifs. Une inspection de la Food and Drug Administration avait en effet révélé des manquements à certaines normes de production de l'industrie.

L'usine a aussi été touchée par un incendie. L'arrêt de production qui en a résulté a provoqué une pénurie ayant touché 250 médicaments, pour la plupart des médicaments injectables - dont certains se sont avérés difficiles à remplacer.