Un an après que le gouvernement conservateur ait mis la hache dans le programme de santé pour les réfugiés, l'inquiétude et la colère persiste chez plusieurs médecins, qui ont manifesté dans 17 villes canadiennes aujourd'hui.

À Montréal, environ 200 travailleurs de la santé se sont joints au mouvement de protestation. S'ils reconnaissent que la reprise de plusieurs pans du programme par le gouvernement du Québec a été «salutaire», ils demandent aujourd'hui l'ajout des traitements psychologiques, dentaires, optométriques et de réadaptation.

«Les réfugiés et les demandeurs d'asile ne se sont pas levés un matin en se disant tiens, je vais aller au Canada pour profiter du système de santé», a expliqué en marge du rassemblement, Marie-Jo Ouimet, médecin à la clinique des demandeurs d'asile et des réfugiés, qui relève du CSSS de la Montagne. «Tous les jours dans ma pratique, je vois des gens traumatisés par la guerre, des femmes qui ont subi des viols. Je n'ai jamais vu personne venu ici pour abuser du système.»

En juin 2012, le gouvernement fédéral de sabrer dans le Programme fédéral de santé intérimaire, qui remboursait les soins de santé à environ 125 000 réfugiés et demandeurs d'asile au Canada. Le ministre conservateur de la Citoyenneté et de l'Immigration, Jason Kenney, espérait ainsi épargner 20 millions de dollars sur cinq ans en cessant de couvrir les soins de santé non urgents ou qui ne représentaient pas un risque de propagation au reste de la population. Les soins remboursés dépendent aussi du pays d'origine et du type de soins.

Pour des raisons humanitaires, l'ancien ministre de la Santé Yves Bolduc avait alors pris la décision de rembourser tous les médicaments et la plupart des soins médicaux aux réfugiés.

Un an plus tard, plusieurs groupes dont Médecins du monde, le Collectif justice santé et Médecins québécois pour le régime public dénoncent le manque de clarté et le manque de communication entre l'assureur fédéral et la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ).

«Le fédéral ne redirige pas toujours les médecins vers la RAMQ donc ce n'est pas tout le monde dans le réseau qui sait que les soins de santé sont couverts», a expliqué Camille Guérin de Médecins québécois pour le régime public. «Ça donne lieu à des situations où des patients se font refuser des soins ou des tests ou qu'ils sont contraints à payer.»