Le suicide est une réalité trop bien connue des communautés inuites du Nunavut. Loin des services d'aide, les jeunes sont particulièrement frappés par la dépression. Pour cibler les besoins en intervention, les chercheurs de l'Institut universitaire Douglas en santé mentale ont mené près de 500 entrevues dans 22 communautés inuites.

De jeunes éclopés

Les jeunes qui se suicident n'ont pas un passé sans heurts. Ils ont été victimes de maltraitances,et très souvent d'agressions sexuelles. Environ 60% des personnes qui se sont suicidées de 2003 à 2006 au Nunavut ont reçu un diagnostic de «dépression majeure à vie», un taux anormalement élevé.

Consommation abusive

Plus de la moitié des personnes qui se sont suicidées pendant la période étudiée par l'Institut Douglas présentaient un problème de dépendance au cannabis, contre 40% dans un groupe témoin interviewé par les chercheurs. Une hospitalisation aurait pu survenir bien longtemps avant l'acte.

Entre deux mondes

La jeune génération d'Inuits vit entre deux mondes, analyse le Dr Eduardo Chachamovich, psychiatre à l'Institut Douglas. D'un côté, la modernité, avec l'accès à l'internet, les maisons telles qu'on les connaît dans le sud du pays et le parcours scolaire habituel. De l'autre, le mode de vie traditionnel, la pêche et la chasse. L'esprit de communauté s'effrite et les repères aussi.

Fenêtres d'opportunité

Les chercheurs ont répertorié trois fenêtres d'opportunité où aider les Inuits qui présentent un risque suicidaire. Pendant la petite enfance, lors des premières années de l'école primaire et à l'adolescence. Pour stopper le boum suicidaire qui touche les jeunes Inuits, il est grand temps que les gouvernements investissent, croit le Dr Chachamovich. «Mais le plus important, c'est la cohérence. Il ne faut pas leur donner des ressources quand on débloque des budgets, pour ensuite les enlever en période de restriction budgétaire», dit-il.