Des histoires récentes de maltraitance et de cauchemar bureaucratique poussent les libéraux à demander la tenue d'une commission parlementaire sur les conditions de vie des personnes hébergées dans les centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).

Tout porte à croire qu'elle aura lieu. Le gouvernement Marois se dit en effet favorable à l'idée. Les partis doivent toutefois s'entendre sur le moment de tenir cette commission.

«On a fait une commission sur le droit de mourir dans la dignité, et je pense qu'on devrait aussi examiner comment vivre dans la dignité», a affirmé à La Presse hier la députée libérale Marguerite Blais.

L'ex-ministre responsable des Aînés a envoyé une lettre aux représentants de la Commission de la santé et des services sociaux pour que celle-ci se donne «prioritairement un mandat d'initiative portant sur les conditions de vie des adultes hébergés en centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD)». Le libéral Lawrence Bergman et la péquiste Suzanne Proulx sont respectivement président et vice-présidente de cette commission. Mme Blais souhaite que la consultation se déplace en région et ne se tienne pas seulement au Parlement. Sa demande devrait être étudiée le 14 mai.

Le gouvernement Marois a fait savoir qu'il est «en faveur» d'une telle commission, mais il veut «repousser un peu le mandat». Des projets de loi doivent d'abord être étudiés par la Commission avant que celle-ci ne se penche sur la question des aînés en CHSLD, plaide-t-il.

Marguerite Blais a rappelé que le Parti libéral du Québec (PLQ) a notamment augmenté le nombre d'inspecteurs dans les CHSLD et lancé une politique sur la maltraitance lorsqu'il était au pouvoir. Or, des «situations troublantes» font toujours la manchette, et les parlementaires devraient s'attarder au sort des aînés en CHSLD, selon elle.

La Presse a révélé le mois dernier que des personnes lourdement handicapées ont été victimes de négligence et de mauvais traitements dans un CHSLD de Montréal. Un préposé aux bénéficiaires a été congédié, et au moins une infirmière auxiliaire a été suspendue. «Il y en a des exemples de CHSLD où ça va bien, mais ils ne sont pas tous comme ça», a souligné Mme Blais. De son côté, le journal Le Soleil a relaté la triste histoire de Marie-Noëlle Simard, trentenaire paralysée depuis sa naissance, qui réside en CHSLD contre son gré. «Il serait temps, au-delà de toute partisanerie politique, d'examiner nos CHSLD, les conditions de vie des personnes. Pas juste des aînés, parce qu'il y a aussi des jeunes adultes là-bas, et on les oublie», a plaidé la députée.

Le gouvernement Charest a lancé en 2007 une vaste consultation publique sur les conditions de vie des aînés - pas seulement ceux en CHSLD. Le comité recommandait l'année suivante d'investir massivement dans les soins à domicile. L'un de ses coprésidents était l'actuel ministre de la Santé, Réjean Hébert. Il dévoilera ce mois-ci un livre blanc sur l'assurance autonomie, un nouveau programme axé sur le maintien à domicile. «Tout le monde est d'accord pour vivre à la maison le plus longtemps possible, mais il ne faut pas oublier les personnes qui vivent dans les CHSLD», a soutenu Marguerite Blais.

Mais pourquoi le PLQ n'a pas lancé cette consultation quand il était au gouvernement, alors que des cas de maltraitance étaient également mis au jour? «On ne peut pas tout faire quand on est au pouvoir. On ne s'est pas rendu jusque-là», a-t-elle répondu.

La Coalition avenir Québec n'a pas voulu commenter l'initiative du PLQ pour le moment.