Deux échantillons de jus de pomme contenant de la patuline «dans une proportion qui pourrait constituer un risque pour la santé à la suite d'une trop grande consommation» ont été détectés par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ), a appris La Presse. Les deux jus provenaient du même fabricant, qui a depuis fait les changements nécessaires, assure le Ministère.

La patuline est une toxine produite par un champignon microscopique qui apparaît dans les fruits pourrissants. Elle peut notamment «provoquer une irritation gastro-intestinale et un dysfonctionnement rénal» lorsqu'elle est ingérée en dose suffisamment élevée, selon Santé Canada. Ne jetez pas votre verre de jus de pomme pour autant: 300 autres échantillons examinés en 2011-2012 étaient conformes.

Des fruits et légumes vendus au Québec ont également dépassé les normes en vigueur pour les résidus de pesticides et de métaux. Il s'agit de raisins verts, de carottes et de melons d'eau importés, ainsi que de laitues romaines d'ici. Mais c'est encore une fois l'exception puisque seulement 1,2% des 855 fruits et légumes analysés ont posé problème.

Ces résultats sont tirés du premier bilan annuel du nouveau plan de surveillance des contaminants chimiques dans les aliments vendus au Québec. «On essaie d'avoir une vision beaucoup plus large des contaminants chimiques», a expliqué en entrevue Daniel Tremblay, du Laboratoire d'expertise et d'analyse alimentaire du MAPAQ. L'objectif est de détecter les dangers que pourraient poser plus de 600 résidus chimiques dans les denrées qui constituent la base de notre alimentation.

Autres aliments visés

En plus du jus de pomme, des fruits et des légumes, le MAPAQ s'est penché sur les poitrines de poulet en 2011-2012. Quelques résidus industriels y ont été détectés, mais à des taux qui ne posent pas de risque pour la santé.

Le MAPAQ s'est ensuite attardé au riz, à la farine de blé et aux céréales pour bébé. «Seul le riz a engendré un résultat indiquant un dépassement de la norme en vigueur en ce qui a trait aux pesticides», révèle le bilan mi-annuel de 2012-2013, qui vient aussi d'être dévoilé.

C'est un échantillon de riz à grains longs de Camargue qui a suscité des inquiétudes. On y a décelé un taux de 1,51 partie par million de pirimiphos-méthyle, un pesticide. «Le produit n'est pas conforme à la Loi sur les aliments et drogues», qui prévoit une limite de 0,1 partie par million, a indiqué Caroline Fraser, porte-parole du MAPAQ. «Mais il ne présente pas de risque pour la santé», a-t-elle ajouté.

Varier son alimentation

Même si les jeunes enfants sont les plus à risque d'une exposition excessive en raison de leur faible poids, la présence de patuline dans deux échantillons de jus de pommes ne doit pas inquiéter les parents outre mesure, selon Stéphanie Côté, nutritionniste à Extenso. «C'est une raison de plus de ne pas offrir toujours le même jus et de comprendre qu'on ne boit pas du jus comme de l'eau», a-t-elle souligné. Un enfant de 2 ans devrait boire au maximum 125 ml de jus de fruit par jour, d'après le ministère de la Santé du Québec.

Les conseils sont semblables si on craint les pesticides dans le riz, qui défraie déjà la chronique parce qu'il contient souvent des résidus d'arsenic. «Il n'y a pas de raison d'arrêter d'en manger, mais, encore là, la variété est importante», a recommandé Mme Côté.

Les prochains aliments qu'examinera le MAPAQ sont les purées pour bébés, le boeuf haché, le porc, le lait pour nourrissons et le jus d'orange. «On ne peut pas couvrir tous les aliments vendus au Québec: il y en a trop, a fait valoir M. Tremblay. Mais chaque année, on cible une filière pour être capables de faire le tour du jardin en cinq ans.»