Plus d'une personne sur cinq attend aux urgences du Québec entre six et douze heures, et ce, même quand son cas est urgent. Et après avoir tant attendu, est-on satisfait? Le quart des répondants dit que non. C'est ce qui ressort d'une étude de l'Institut de la statistique du Québec parue mercredi et faisant notamment le point sur l'accessibilité et l'efficacité des urgences du Québec.

Alors que les compilations et autres palmarès des urgences n'en ont que pour les temps d'attente sur civière, l'intérêt de cette étude vient de ce qu'on y évalue le temps qu'il faut attendre pour voir un médecin. L'étude repose sur les réponses données par 48 000 personnes de 16 régions.

Dans quel état se présente-t-on aux urgences?

> 36%: Plus du tiers de la population avoue s'être présenté aux urgences pour un problème qu'ils jugeaient non urgent.

> 31,1% des répondants montréalais et 30,4% des Lavalois l'ont fait, comparativement à quelque 48% des répondants venant de la Gaspésie, de l'Abitibi-Témiscamingue et de la Côte-Nord

L'explication...

> 74% des répondants québécois s'étant présentés aux urgences pour un problème non pressant l'ont fait parce que les cliniques sans rendez-vous de leur coin ne prenaient plus de patients ou étaient fermées.

Combien d'heures reste-t-on aux urgences?

> Une personne sur quatre...a attendu entre six et douze heures avant de voir un médecin.

> Une personne sur cinq (21.9%)... a attendu entre six et douze heures alors qu'elles avaient pourtant un problème urgent.

Est-ce que ça vaut le coût d'attendre?

> Près d'une personne sur quatre mentionne que la consultation aux urgences a peu ou n'a pas du tout contribué à régler son problème de santé.

> 36,8% des répondants ont signalé n'avoir pas reçu d'information sur les signes et symptômes à surveiller à la maison.

Ce qu'ils en pensent

Pour le Dr Alain Vadeboncoeur, essayiste et président de Médecins québécois pour le régime public, «cette étude illustre d'abord le fait qu'il manque de médecins de famille disponibles. La médecine de famille est trop devenue une médecine de suivi. Il est possible d'obtenir un rendez-vous dans six mois, mais il est difficile de voir son médecin à brève échéance. Quant aux temps d'attente pour voir un médecin aux urgences, chaque urgence dispose de telles données, mais elles ne sont ni fiables, ni publiques. Or, il serait plus important de colliger de telles données que celles sur les temps d'attente sur civières parce que quand on est sur une civière, ce n'est pas le grand confort, mais au moins, on est soigné. Mais qui sait combien de personnes sont sous-évaluées, aux urgences?

Le Dr Charles Bernard, président du Collège des médecins, quant à lui, soutient que «les urgences, ce n'est pas un grand ciel bleu, on en est bien conscient, mais l'ajout de 500 nouveaux médecins au Québec chaque année, depuis quelque temps, commence à faire une différence.On insiste aussi de plus en plus auprès des médecins de famille pour qu'ils se laissent des plages horaires vides pour voir à brève échéance, par exemple, la mère de famille inquiète pour la santé de son enfant. Si ta journée est faite de rendez-vous à la chaîne de 8h à 17 heures, c'est sûr que ce n'est pas possible. Quant à la question de la satisfaction des gens qui se présentent aux urgences, je ne suis pas surpris. Comme ce n'est pas l'endroit où ils devraient aller, ce n'est pas surprenant qu'ils en sortent souvent insatisfaits. Et encore une fois, malgré la multiplication des messages sur la question, on voit encore quantité de personnes qui se présentent même aux urgences pour un renouvellement de prescription.