Une Manitobaine qui a quitté le Canada plus tôt cette semaine pour avoir recours à un suicide assisté a rendu une dernière visite à son fils qui habite en Europe, vendredi, avant de se rendre dans une clinique en Suisse où elle pourra mettre fin à ses jours comme elle l'entend.

Susan Griffiths, âgée de 72 ans et atteinte d'une maladie dégénérative incurable, a décidé de se rendre en Suisse - la seule juridiction qui permet le suicide assisté par un médecin pour les non-résidants - avant d'être trop malade pour voyager. Elle y passera ses derniers moments plus tard ce mois-ci.

Mme Griffiths a dévoilé son histoire dans l'espoir qu'elle provoque un changement des lois canadiennes sur le sujet.

Depuis la résidence de son fils, en Allemagne, elle a dit croire que le suicide assisté devrait être une possibilité pour les Canadiens. En entrevue avec La Presse Canadienne, elle a soutenu que le gouvernement devrait apporter une solution afin que les malades qui souffrent, ou qui sont en phase terminale, n'aient pas à attendre encore et encore et subir toutes sortes de traitements pour atténuer la douleur.

La dame souffre d'atrophie multi-systématisée, un ensemble de maladies associées au manque de dopamine dans certaines parties du cerveau. Aucun traitement n'existe pour cette rare maladie qui entraîne de vives douleurs et qui détruit le corps peu à peu.

Elle est désormais confinée à un fauteuil roulant et consomme de plus en plus de médicaments antidouleurs, sachant que sa condition ne cessera de se détériorer.

Il n'est pas illégal de s'enlever la vie au Canada, mais d'aider quelqu'un à se suicider est contre la loi, quoique des décisions judiciaires ont contredit cette interdiction. La Cour suprême de la Colombie-Britannique a tranché l'an dernier que l'interdiction fédérale du suicide assisté par un médecin était inconstitutionnelle. Le gouvernement fédéral a fait appel de cette décision le mois dernier devant la Cour d'appel de la province, et une décision est attendue plus tard cette année.

Le gouvernement du Québec examine également des façons de permettre aux malades en phase terminale de mettre fin à leurs souffrances sans que le geste soit considéré comme un suicide assisté selon la loi fédérale.

Il existe aussi des groupes qui conseillent les gens sur les démarches qu'ils peuvent suivre, même si cela nécessite de se rendre à l'étranger, comme pour Mme Griffiths.

Pour elle, sa décision est un choix personnel, et elle croit que les politiciens devraient respecter ce choix.

«J'aimerais qu'ils commencent à débattre de la question immédiatement et qu'ils donnent cette possibilité aux gens comme moi, qui ont pris leur décision et qui n'ont pas de recours dans leur propre pays», a-t-elle déclaré.