Après dix ans de négociations, les infirmières obtiennent enfin plus de pouvoirs en matière de médicaments. Elles pourront désormais ajuster les ordonnances des patients qui souffrent d'hypertension et de diabète, ainsi que les traitements d'anticoagulothérapie et de dyslipidémie. Des centaines de médicaments, dont certains figurent parmi les plus vendus au Canada, seront touchés par cette entente, que le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a qualifiée aujourd'hui «d'historique».

À compter du 15 avril, quatre ordonnances collectives seront activées à l'échelle du Québec. Une ordonnance collective est une prescription donnée par un ou plusieurs médecins à un autre groupe de professionnels de la santé comme les infirmières ou les pharmaciens. Elle permet de prescrire ou d'ajuster une thérapie ou un test diagnostique, souvent lorsqu'il s'agit d'une maladie chronique. Dans le cas de l'entente annoncée cet après-midi, les patients devront avoir préalablement reçu un diagnostic et une prescription de leur médecin. Les infirmières de leur clinique, CLSC ou groupe de médecine familiale, pourront ajuster les doses en fonction de protocoles préétablis, puis assurer le suivi avec le pharmacien.

Cette entente a nécessité de longues discussions entre le Collège des médecins, l'Ordre des pharmaciens du Québec et l'Ordre des infirmières et des infirmiers, les trois ordres professionnels touchés par l'entrée en vigueur des ordonnances collectives nationales.

Pour le ministre Hébert, il s'agit d'un véritable changement de culture, qui permettra en fin de compte de dégager du temps pour les médecins de famille afin qu'ils puissent voir d'autres malades.

L'adoption de ces quatre ordonnances collectives s'inscrit aussi dans une tendance visant à octroyer les pouvoirs traditionnellement détenus par les médecins à d'autres professionnels de la santé.

En décembre, le ministre Hébert avait annoncé qu'à compter du printemps prochain, les pharmaciens pourront prescrire une dizaine de médicaments et renouveler la plupart des ordonnances d'un médecin.

D'autres ordonnances collectives existent déjà au Québec pour les pharmaciens, la prescription de la pilule contraceptive étant la plus connue.

Le ministre Hébert aimerait maintenant plancher à l'adoption d'autres ordonnances collectives. Il cite les inhalateurs pour les maladies pulmonaires et les médicaments donnés contre les Infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS). Il promet qu'il ne faudra pas un autre 10 ans avant d'y parvenir. «C'est sûr que ç'a pris du temps. Nous avons dû regarder toute la littérature scientifique, le ministère et les trois ordres professionnels ont ensuite dû s'entendre. Mais on a bâti le chemin, donc ça va être plus facile que d'avoir à défricher la route dans la forêt!»