Entre 2005 et 2010, seulement 40% des dénonciations faites par de présumées victimes d'inconduite sexuelle (soit 49 sur 122) ont permis de traîner le fautif en discipline.

C'est ce que révèle une étude inédite de l'association Plaidoyer Victime réalisée auprès de 15 ordres professionnels du milieu de la santé (les 10 autres ont refusé de participer) par Manon Bergeron, professeure de sexologie à l'Université du Québec à Montréal. Comment l'expliquer? Les dénonciations sont parfois mensongères ou traitées à retardement, mais souvent, c'est plutôt le manque de preuves qui empêche le syndic d'aller de l'avant.

L'étude révèle aussi que les auteurs d'inconduite sexuelle paient une amende moyenne de 1435$ et sont radiés pour une durée moyenne de 8,36 mois. Mais plusieurs le sont bien moins longtemps. «Les victimes trouvent ça trop peu. Leur but premier est que cela n'arrive pas à d'autres», constate l'avocate Julie Lassonde, auteure d'une autre étude sur le sujet.

Il y a trois semaines, le président du Collège des médecins, Charles Bernard, s'est même vivement indigné de la clémence dont bénéficient les médecins déviants.

«C'est vrai que les radiations pourraient être plus longues pour être plus dissuasives», affirme la présidente de l'Ordre des psychologues, Rose-Marie Charest. Elle ajoute toutefois qu'on protège aussi le public en forçant les fautifs à aller en supervision ou en thérapie. «Il faut faire de la prévention, parce que s'ils ne sont pas plus sensibles à l'autre après avoir été radiés, ils restent aussi dangereux.»

Il est normal pour les clients de vouloir plaire à leur psychologue, et on ne peut blâmer ces derniers s'ils éprouvent du désir en retour, expose Mme Charest. «Mais c'est au psychologue de voir ça venir et de ne pas agir.»