Grosse semaine pour le financement public de la recherche en santé. Mardi, les chercheurs montaient au front pou dénoncer les coupes dans leurs budgets. Mercredi, le gouvernement Marois reculait et annulait une partie des compressions. Puis, hier, Québec débloquait 10 millions pour soutenir le développement de nouveaux médicaments personnalisés contre le cancer avec le privé.

Incohérence dans les annonces et dans le message lancé aux chercheurs? Non, s'est défendu hier en conférence de presse le ministre des Finances et de l'Économie du Québec, Nicolas Marceau.

«Le gouvernement a le désir de soutenir la recherche et les sciences de la vie, a dit M. Marceau. Ce n'est un secret pour personne que nous passons une période plus difficile sur le plan des finances publiques. On a demandé un effort particulier au secteur de la recherche, puis on a corrigé le tir parce qu'on pense qu'il était trop important. Par ailleurs, le projet annoncé aujourd'hui n'a pas été monté dans la dernière semaine. Ça se préparait depuis longtemps et on considère que c'est important, que c'est prometteur et que ça va consolider le secteur des sciences de la vie.»

Québec a donc annoncé hier qu'il débloque 10 millions pour créer le Partenariat pour la médecine personnalisée (PMPC), qui développera de nouveaux médicaments pour le cancer en fonction du profil génétique des patients. Des partenaires privés - Oncozyme Pharma, Pfizer Canada, Sanofi Canada et Telus Santé - y investissent de leur côté 11,1 millions, pour un budget total de 21,1 millions. Le consortium de recherche en oncologie clinique du Québec, un regroupement de chercheurs, est aussi impliqué.

Le projet sera piloté par la biotech montréalaise Caprion Protéome.

«La médecine personnalisée en est à ses débuts, mais il y a des preuves concrètes qui démontrent qu'on n'est pas en train de creuser un puits qui ne livrera pas de pétrole, a imagé le président de Caprion, Martin LeBlanc. On en est encore à la croisée des chemins et le leadership mondial est encore à notre portée.»

«Le Québec a le potentiel de devenir, au cours des prochaines années, un chef de file de la médecine personnalisée », a aussi dit Élaine Zakaïb, ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec.

L'idée de la médecine personnalisée tient à une chose: 60 % des patients qui consomment un médicament n'en retirent aucun bénéfice. Pire, ils en subissent souvent les effets secondaires sans améliorer leur condition.

Chez Caprion, des dizaines de chercheurs armés de machines complexes tentent déjà de résoudre le problème. Le laboratoire compte même sa propre salle de serveurs informatiques, preuve que les données recueillies sont nombreuses et complexes à analyser. On comprend mieux, en la voyant, l'implication de Telus Santé.

Selon les partenaires du projet de médecine personnalisée, savoir quel médicament donner à quel patient devrait permettre d'améliorer le succès des essais cliniques faits sur les malades et d'amener davantage d'études du genre dans les hôpitaux québécois.