L'assurance autonomie, pierre angulaire de la politique nationale de soins et de services à domicile du Parti québécois, doit être mise en place en avril 2014. Le financement des hôpitaux, lui, devra attendre.

À l'aéroport où il attendait l'avion qui le mènera en Europe pour y rencontrer ses homologues français et belges, le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a indiqué dimanche que sa visite portait surtout sur les aspects juridiques d'une assurance autonomie, mais également sur son fonctionnement et son financement.

À ce propos, il assure que les sommes déjà consacrées aux personnes âgées en perte d'autonomie, qui totalisent 3 milliards de dollars, seront transférées à la nouvelle assurance et combinées aux 500 millions que le Parti québécois s'est engagé à consacrer à l'aide à domicile.

Pour l'instant, donc, il n'est pas question d'instaurer des tarifs pour financer cette mesure.

De l'avis du ministre, l'assurance autonomie soulagera les aidants naturels, qui «réclament plus de services financés par l'État», selon lui. L'assurance reprendrait un modèle semblable à celui de l'assurance emploi, afin que l'État puisse verser une allocation aux personnes âgées et aux proches aidants pour des soins à domicile ou en hébergement.

À l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic, la nouvelle reçoit un accueil mitigé.

«Sur le long terme, le pari des soins à domicile est une bonne idée, mais il ne faut pas laisser tomber les gens qui ont des besoins immédiats, lance le porte-parole de l'Association, Mathieu Santerre. Il y a 4000 personnes sur des listes d'attente pour aller en CHSLD centres d'hébergement de longue durée. On veut des gestes concrets dès ce printemps.»

De l'aveu de M. Hébert, le dossier de l'assurance autonomie est plus avancé que celui du financement à l'activité, inspiré de la réforme française de l'assurance maladie adoptée en 2004.

Coïncidence s'il en est une, un système de financement en fonction du poids relatif - basé sur une grille de pondération liée aux disciplines et aux cycles d'études - est actuellement en vigueur dans le milieu de l'éducation supérieure, et il a bien des détracteurs. D'aucuns dénoncent une course aux étudiants et y voient une explication pour la délocalisation des campus universitaires et la gestion «bancale» d'institutions d'enseignement.

Assiterons-nous donc à une course aux patients?

«Je viens voir les impacts positifs, mais aussi les négatifs, répond M. Hébert, prudent. Je veux savoir si les effets négatifs sont évitables et s'ils contrebalancent les effets bénéfiques.»

Il rappelle que des modèles de financement semblables sont en vigueur en France, en Angleterre, en Suède et en Australie, et que des observateurs québécois les analysent de près.

En France, le ministre Hébert doit rencontrer la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, et la ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'Autonomie, Michèle Delaunay.

Il s'entretiendra ensuite avec la ministre wallonne de la Santé, Éliane Tillieux, et le ministre flamand du Bien-Être, Jo Vandeurzen, en Belgique.