L'avenir incertain de l'hôpital de Lachine, qui pourrait se désaffilier du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) pour joindre le CSSS Dorval-Lachine-LaSalle, risque d'engendrer une vague de départs. Depuis deux semaines, environ 50 employés ont contacté les ressources humaines du CUSM afin de connaître la procédure pour obtenir un transfert vers les autres hôpitaux de l'établissement, a indiqué une porte-parole du centre hospitalier.

Deux syndicats ont par ailleurs envoyé une lettre au ministre de la Santé, Réjean Hébert, pour lui faire part de leurs inquiétudes.

«Nous avons déjà reçu bon nombre d'appels des employés qui montraient de grands risques d'inquiétude pour leur avenir. Comme vous le savez, ils ont déjà vécu des années difficiles et ils ne veulent pas revivre la même situation. Votre décision hâtive et non fondée risque de provoquer un exode professionnel massif et d'affecter considérablement le recrutement à l'Hôpital de Lachine dont les besoins sont croissants», peut-on lire dans une lettre cosignée par la présidente du Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardio-respiratoires (SPSICR) du CUSM, Line Larocque et la présidente locale de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) du CUSM, Francine Carrier.

Rappel des faits

L'avenir de l'hôpital de Lachine s'est transformé en véritable partie de ping-pong depuis deux semaines, lorsque les médecins de l'hôpital ont été informés que 10 de ses 50 lits seraient fermés. Lorsque l'affaire a été médiatisée, le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a annoncé qu'il suspendait la fermeture jusqu'à nouvel ordre.

Quelques jours plus tard, on a appris que le ministre Hébert avait décidé de confier la gestion de l'hôpital au CSSS Dorval-Lachine-LaSalle. Il a ensuite indiqué qu'il incombait maintenant à l'agence de la santé de Montréal de déterminer si l'hôpital devrait rester ou non affilié au CUSM. L'agence devra déposer ses recommandations à cet effet en mai.

Or le personnel de l'hôpital de Lachine et les élus du secteur gardent un souvenir amer de leur annexion au CSSS Dorval-Lachine-LaSalle au milieu des années 2000. À L'époque l'urgence et les soins intensifs avaient été fermés.

« Nous ne pouvons accepter de vivre dans l'incertitude jusqu'en mai, au nom de nos membres et des patients de l'hôpital », poursuit la missive que La Presse a obtenue. «Des employés nous ont déjà signifié leur volonté de quitter leur emploi. Et ce problème risque de s'accentuer de façon exponentielle. L'employeur devra-t-il se tourner vers de la main-d'oeuvre indépendante via les agences privées pour combler ce déficit de personnel, augmentant ainsi les coûts de gestion et réduisant drastiquement la qualité des soins?»

Les deux syndicats rappellent qu'avant de joindre le CUSM. En 2009, l'hôpital comptait 80% de main d'oeuvre indépendante. Aujourd'hui, la proportion est de 30%.

L'évaluation du dossier par l'agence de la santé de Montréal met également sur la touche le plan de modernisation de l'hôpital de Lachine, estimé à 66 millions, promis sous le règne des libéraux.

Le représentant des médecins, dentistes et pharmaciens de l'hôpital (CMDP), le Dr Paul Saba, craint que derrière cette décision ne se cache le désir de transformer l'hôpital en simple clinique ambulatoire. Le Dr Saba, favorise plutôt un modèle de gouvernance locale, à l'instar de certains hôpitaux comme l'Hôpital de Montréal pour enfants ou St. Mary.

Lundi, un comité coprésidé par les maires de Lachine et de Dorval en appui avec la fondation de l'hôpital a été mis sur pied afin d'éviter que la gestion de l'hôpital ne retombe entre les mains du CSSS.