À compter du printemps prochain, les pharmaciens pourront prescrire une dizaine de médicaments et renouveler la plupart des ordonnances d'un médecin, a annoncé lundi après-midi le ministre de la Santé, Réjean Hébert. Il reste toutefois encore à déterminer comment seront rémunérés les pharmaciens pour la réalisation de ces nouveaux actes médicaux.

L'entente dans le but d'élargir les pouvoirs de prescription des pharmaciens avait déjà été conclue plus tôt cette année entre le ministère de la Santé et des Services sociaux et le Collège des médecins du Québec et l'Ordre des pharmaciens. Aujourd'hui, les deux ordres professionnels ont annoncé qu'ils s'étaient entendus sur les activités qu'ils pourront désormais partager.

Ils ont aussi convenu de 11 conditions de santé pour lesquelles les pharmaciens pourront bientôt prescrire des médicaments. Il s'agit notamment de l'herpès labial, des vaginites, de l'acné mineure, de la prévention du paludisme, du traitement de la diarrhée du voyageur, des nausées chez les femmes enceintes et de la contraception hormonale pour les femmes qui ont pris la pilule du lendemain en attendant leur rendez-vous avec le médecin.

Les pharmaciens pourront aussi prolonger ou ajuster une ordonnance d'un médecin pour les patients qui souffrent d'une maladie chronique dont l'état est stable. Ils pourront aussi la substituer en cas de rupture d'approvisionnement complète au Québec. Ils pourront également administrer un médicament afin d'en démontrer l'usage approprié. Les pharmaciens qui travaillent dans les hôpitaux auront enfin le droit de prescrire et analyser des tests de laboratoires aux fins de la thérapie médicamenteuse.

«Les patients sont les grands gagnants de cette entente. Ils pourront profiter davatange de l'expertise des pharmaciens», s'est réjoui le Dr Hébert lors d'un point de presse à Montréal. «Le Québec était la province canadienne qui utilisait le moins les pharmaciens pour l'accès à la première ligne et avec l'adoption de ce règlement-là on devient la première.»

«Ça va aussi permettre de mieux suivre et contrôler les conditions chroniques qui deviennent plus en plus importantes et qui expliquent une grande partie de l'engorgement des urgences de nos hôpitaux», a-t-il ajouté.

Avant d'obtenir ces nouvelles responsabilités, environ 6000 pharmaciens devront être formés au cours des prochains mois. Le gouvernement devra aussi négocier la rémunération de chaque acte avec le syndicat qui représente les pharmaciens, l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires. Le ministre Hébert est toutefois resté flou sur cette question. Il reste aussi quelques étapes légales à franchir.

L'ancien ministre de Santé, Yves Bolduc, qui avait déposé le projet de loi modifiant la Loi sur la pharmacie en novembre dernier, s'est réjoui de la progression du dossier. «C'est une excellente nouvelle pour l'accessibilité des soins. Il s'agit d'une avancée tant pour les pharmaciens que les médecins», a-t-il affirmé en entrevue téléphonique.