La méthode Toyota de la firme privée Proaction contreviendrait non seulement à plusieurs articles du Code de déontologie des infirmières, mais aussi de celui des diététistes, des ergothérapeutes, des travailleurs sociaux, des intervenants psychosociaux et des physiothérapeutes en réadaptation physique, dénonce l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

Le syndicat fera parvenir, au cours des prochains jours, des lettres à quatre centres de la santé et des services sociaux (CSSS) qui ont eu recours à la firme pour «optimiser» les soins à domicile, afin de les prévenir qu'au rythme où vont les choses, ses membres ne seraient bientôt plus en mesure de respecter leur code de déontologie.

La méthode Proaction dérange de plus en plus dans le réseau de la santé et est vertement critiquée par les syndicats.

Actes minutés

Afin d'aider les gestionnaires à implanter des outils pour améliorer la performance des programmes de soins à domicile, des CSSS de Montréal ont accordé des contrats à la firme Proaction, une entreprise fondée en 2004 qui a d'abord travaillé dans le secteur manufacturier. Sa méthode consiste à créer une grille de planification sur laquelle tous les actes, allant de l'administration d'un gavage à une intervention psychosociale, sont minutés. À titre d'exemple, le lavage d'une oreille par une infirmière devrait prendre 15 minutes. Deux oreilles: 20 minutes. Un soin de plaies simple ne devrait pas prendre plus de 15 minutes. «Pour l'APTS, ce cadre de pratique est inacceptable et met en péril le respect des devoirs déontologiques des travailleurs de la santé que nous représentons, affirme Johanne McGurrin, première vice-présidente de l'APTS. Les patients n'ont pas tous la même réalité, il faut accorder le temps nécessaire pour donner les services. On demande le même temps pour chaque patient alors qu'il peut y avoir des urgences, des imprévus ou des gens en crise ou en détresse.»

À ce jour, la firme a obtenu des contrats qui atteignent au bas mot 12 millions dans l'ensemble de la province.

Au cours des prochains jours, une lettre sera envoyée à la direction du CSSS d'Ahuntsic et Montréal-Nord, qui a accordé un contrat d'un demi-million de dollars à Proaction, afin de lui demander d'apporter des changements importants à cette nouvelle façon de faire. Trois autres CSSS recevront des lettres au cours des prochaines semaines.

Le recours à la firme Proaction s'inscrit dans le désir du réseau de la santé d'«optimiser» l'organisation des services.

Jeudi, l'agence de la santé de Montréal a indiqué qu'elle tenterait de réduire ses dépenses de 80 millions au cours de la prochaine année grâce à divers projets d'optimisation.