Le syndicat qui représente les employés de XL Foods a réclamé une enquête publique sur l'éclosion de la bactérie E. coli dans l'abattoir albertain, hier, en affirmant que l'entreprise n'est pas capable de s'autoréglementer. Cette sortie survient au moment où Québec a confirmé un nouveau cas de la maladie chez nous.

Les Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC), qui représentent les employés de XL Foods, veulent que la lumière soit faite sur le plus important rappel de viande de l'histoire du Canada. Cette mesure touche 1800 produits transformés à l'abattoir de Brooks, en Alberta.

Le président du syndicat, Dan O'Haloran, affirme que les travailleurs de XL Foods manipulent chaque jour des centaines de pièces de viande, une charge qui les empêche de veiller à la salubrité des aliments. Et ceux qui observaient des problèmes hésitaient à les signaler à la direction par crainte de représailles.

«XL ne peut pas s'autoréglementer», a déclaré M. O'Haloran dans une conférence de presse diffusée aux quatre coins du pays. «Aucune société dans l'industrie alimentaire ne devrait s'autoréglementer.»

Il souhaite que l'entreprise mette sur pied des mesures pour protéger les dénonciateurs.

Le syndicat dit avoir tenté de rencontrer la direction de XL Foods au sujet des problèmes de salubrité. Celle-ci n'a jamais donné suite à son invitation.

Les TUAC estiment par ailleurs que les inspecteurs de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) font du bon travail, mais qu'ils ne sont pas assez nombreux pour assurer que la viande est produite de manière sécuritaire.

L'abattoir de XL Foods est fermé depuis le 27 septembre. Hier soir, Brian Nilsson, son coprésident, s'est défendu d'imposer une cadence de travail trop rapide ou de mal former les nouveaux employés. «Je suis triste que le syndicat ait choisi d'attaquer le travail de ses membres», a-t-il déploré dans un communiqué. Il a ajouté que sa porte était toujours ouverte.

Nouveau cas au Québec

Quelques minutes plus tôt, le ministère de la Santé a confirmé un troisième cas d'infection à la bactérie E. coli 0157 au Québec depuis le début de la crise. Au total, donc, 12 Canadiens ont été incommodés par la maladie. Personne n'en est mort.

«Le début des symptômes de cette personne affectée remonte à septembre, précise le Ministère dans un communiqué. Celle-ci n'a pas été hospitalisée et est complètement rétablie.»

D'autres cas potentiels font l'objet d'une enquête pour savoir s'ils sont liés à l'usine albertaine. «Il y a une moyenne de 125 cas d'E. coli par an au Québec», a dit à La Presse Noémie Vanheuverzwijn, porte-parole du ministère de la Santé.

«L'infection à la bactérie E. coli peut entraîner de fortes douleurs abdominales et une diarrhée mêlée de sang, selon le ministère de la Santé. Il arrive qu'elle mène à une hospitalisation et qu'elle entraîne des conséquences graves, allant jusqu'au décès. Certaines personnes sont davantage à risque, notamment les femmes enceintes, les personnes dont le système immunitaire est affaibli, les jeunes enfants et les personnes âgées.»

Les symptômes peuvent se manifester jusqu'à 10 jours après le contact avec la bactérie.