Même en arrêt de travail, l'agenda de Nathalie débordait : lectures de tarot, stages de méditation extrême, thérapies de groupe. Rien ne l'a vraiment guérie. Ses maigres revenus ont été engloutis. Mais elle est convaincue que ses démarches lui

ont permis de survivre.

«Les listes d'attente sont longues en psychiatrie, souligne-t-elle. À l'époque, je n'étais pas suivie, pas médicamentée, j'étais en train de couler... J'avais besoin de l'amour du groupe. Sans ces gens, je ne serais peut-être plus ici.»

Aujourd'hui, Nathalie (dont nous avons changé le prénom) a remplacé l'épanouissement personnel et la méditation par le spinning et les antidépresseurs. Mais elle ne renie pas son passé pour autant. «Ça m'a aidée à ne pas tomber dans le piège de la consommation, du tourbillon de la vie», explique la Montréalaise de 43 ans.

Lorsqu'ils se basent sur des théories connues et validées, les maîtres de l'épanouissement personnel peuvent offrir des conseils utiles, confirme Diane Casoni, professeure de criminologie à l'Université de Montréal.

Les gens en crise cherchent un sens à leurs souffrances et la spiritualité peut les apaiser, constate par ailleurs la Dre Joahnne Cyr, du programme des troubles anxieux et de l'humeur de l'hôpital Louis-H. Lafontaine.

«Certaines personnes croient sincèrement qu'elles ont un don, ajoute la psychiatre. Si elles se soucient de l'autre, si elles peuvent reconnaître leurs limites, elles peuvent faire autant de bien qu'un psychologue. Même dans l'univers médical, on trouve des gens qui se comportent en gourous et refusent de se remettre en question.»

Le problème, c'est qu'il est impossible de superviser les électrons libres qui n'appartiennent à aucun ordre professionnel, et ne sont donc pas soumis à des inspections ni à un conseil de discipline.