Un nouveau cas d'infection à la bactérie E. coli 0157: H7 lié au boeuf de l'usine XL Foods de Brooks, en Alberta, a été confirmé hier. Alors que les premiers malades vivaient en Alberta, ce cinquième cas est survenu à Terre-Neuve. Cette personne «s'est complètement rétablie» depuis son infection, a précisé l'Agence de la santé publique du Canada.

Plus de 1800 produits de boeuf, dont plusieurs sont vendus au Québec, font l'objet du plus vaste rappel de viande de l'histoire canadienne, en raison d'une contamination possible par l'E. coli. XL Foods avait un plan de contrôle des risques, mais ne le suivait pas, a révélé hier l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA).

Dans un communiqué publié hier soir, XL Foods dit «regretter profondément» les derniers événements.

L'usine travaille de concert avec l'ACIA afin d'améliorer le système de salubrité des aliments et de regagner la confiance des consommateurs canadiens, poursuit le communiqué.

La liste des lacunes de l'usine enlève tout désir de manger un steak: deux buses d'alimentation en eau (sur 11) étaient bouchées dans la zone de lavage des carcasses. Les unités de réfrigération n'étaient pas nettoyées aussi fréquemment que prévu. Des structures suspendues laissaient s'échapper du désinfectant sur la viande. Le thermomètre de la table d'éviscération ne fonctionnait pas adéquatement. Même les employés qui triaient les parures de boeuf «touchaient à des produits contaminés sans suivre les procédures appropriées de nettoyage et d'assainissement», selon l'ACIA.

«D'autres produits pourraient être rappelés», a averti Martine Dubuc, vice-présidente de la Direction générale des sciences de l'ACIA. XL Foods fournissait 40% du marché canadien du boeuf.

Enquête publique demandée

À Ottawa, l'opposition a souhaité savoir pourquoi l'ACIA a forcé la fermeture de XL Foods deux semaines après que l'entreprise eut perdu le droit d'exporter ses produits aux États-Unis.

Le critique néo-démocrate en matière d'agriculture, Malcolm Allen, réclame une enquête publique indépendante pour faire la lumière sur les agissements de l'agence fédérale et du ministre responsable de sa gestion, Gerry Ritz.

«Le gouvernement et ce ministre de l'Agriculture ont échoué pendant ce rappel à assurer que la nourriture qui sortait de cet abattoir était sûre», a dénoncé M. Allen.

Le ministre Ritz a renvoyé la balle à l'ACIA, dont il a défendu le travail. «L'agence continue de travailler en fonction de raisonnements scientifiques, à mesure que l'information devient disponible, a-t-il dit. Mon travail comme ministre est d'assurer qu'elle a la capacité, tant par son budget que par ses ressources humaines, d'accomplir cette importante tâche.»

Fermé le 27 septembre, l'abattoir de XL Foods rouvrira «seulement lorsque l'Agence jugera que l'établissement gère de façon efficace les risques pour la salubrité des aliments», a précisé Mme Dubuc.