La femme du gourou, Lyne Collin, prétend être la fille de Dieu «autant que Jésus fut son fils». Dieu lui apparaît, lui parle avec «sa voix qui gronde» et lui a annoncé la fin du monde en lui montrant «des déluges, des terres qui s'effondrent, la faim et la peur inscrites sur des milliers de visages».

L'ancienne coiffeuse expose tout cela dans un récit de 237 pages, mélange d'autobiographie et de prêche enflammé, dont elle infligeait jadis la lecture aux plus proches fidèles de son mari, Jean-Claude Gallant. Écrit il y a environ 15 ans, soit bien avant la fuite récente d'une vingtaine de membres, le texte ouvre une fenêtre troublante sur la psyché de la «première dame» du Centre de croissance personnelle La Source.

La femme de 48 ans y raconte son enfance pathétique, sa découverte du rebirth et sa rencontre avec Gallant. À l'en croire, ce dernier a apaisé ses craintes en lui disant qu'«il venait dans un but bien précis et qu'il faisait partie de cette propagande de la fin [du monde]».

Lyne Collin écrit qu'elle est «venue pour faire de cette terre le vrai paradis terrestre». Elle se croit capable de «reconnaître qui appartient à Dieu». À ses yeux, le salut passe par la foi et par la pratique du rebirth.

La quadragénaire se présente comme une justicière.

«Plutôt que de guérir, je punirai. Plutôt que de donner la vie, je donnerai aussi la mort, écrit-elle. [...] Je viendrai dans toute ma gloire, seulement, cette gloire vous surprendra. Car ce qui vous semblait BIEN sera mal, et ce qui vous semblait MAL sera bien.»

Sa famille, qui ne lui a pas donné l'amour qu'elle voulait, lui inspire la rage. Tout comme le reste de l'humanité.

«Votre monde grotesque est sans amour, sans charité, sans vérité», écrit-elle.

C'est Dieu, dit-elle, qui lui a ordonné de rompre avec son premier mari et de tomber dans les bras de Gallant en lui annonçant, deux ans avant le fait, qu'elle aurait un fils lui.

Dans les années 90, le couple a dû fermer un premier centre de rebirth à la suite d'une rébellion des clients. Son explication ? «Tous ces gens avaient peine à mettre ce qu'on leur avait enseigné en pratique, ils jugeaient sans rien vérifier et se donnaient tous raison. [...] Or nous continuâmes, nous, à évoluer», écrit Lyne Collin.

L'artiste amateur traite par ailleurs le mouvement des Alcooliques anonymes de secte, en disant qu'il lui a volé l'amour de sa mère. «[Ces gens] devinrent toute sa vie et lui redonnèrent une fausse estime d'elle et elle devint véritablement quelqu'un d'autre», dénonce-t-elle. Or, c'est exactement ce que les anciens membres de La Source disent avoir subi à son contact et à celui de son mari.

Interrogée au sujet de ses écrits, Lyne Collin a refusé d'en parler au motif qu'il s'agit d'un document privé. D'après nos sources, elle a pourtant tenté de le faire publier. Jean-Claude Gallant a dit que sa femme l'avait écrit «dans une petite passe de spiritualité en canne» et d'angoisse. Il soutient avoir dissuadé ses fidèles de le lire et précise: «C'est pas moi qui vais prêcher ça sur la rue.»