Avec le recul, les anciens fidèles de Jean-Claude Gallant se demandent comment ils ont pu rester aussi longtemps sous son emprise.

Le maître de La Source agit tout simplement comme des milliers de gourous l'ont fait avant lui: après avoir fragilisé ses fidèles, il les dresse les uns contre les autres et se pose ensuite en sauveur.

«Quand tu as tourné le dos à tous les gens du passé, tu n'as plus personne d'autre. Alors, tu vis pour qu'il t'aime et t'approuve, dit Jean, ex-adepte. Lui, il n'attaque jamais de front. Il n'a qu'à envoyer la merde par ses pions.»

Gallant - ou ses assistants en mission - sème vite le doute chez ses fidèles en quête d'indépendance. Ceux-ci entendent dire que leur attitude prouve qu'ils sont de mauvais conjoints ou de mauvais parents, qu'ils ne savent pas aimer. La solution: leur imposer un énième rebirth, une énième formation pour surmonter leurs failles.

À chaque séance, les rebirthers empochent 75$. Et accroissent encore leur emprise. «À force de t'amener toujours dans tes émotions, ils savent exactement sur quel bouton peser», résume Véronique.

La pression du groupe, surtout, est écrasante. «L'intimidation là-bas est épouvantable, explique Annie. On pouvait forcer la porte et débarquer à quatre dans un salon pour ramasser quelqu'un et lui dire qu'il manquait d'amour.»

Les fortes têtes étaient ostracisées jusqu'à ce qu'elles cèdent. «Si tu contestes Jean-Claude, les habitants des 20 maisons voisines se mettent à t'ignorer tout en surveillant tes allées et venues, raconte Jean. C'est pour ça qu'on finissait toujours par rentrer dans le rang.»