Pour devenir plus fort, Popeye carburait aux épinards. Au XXIe siècle, le légume a été remplacé par des suppléments alimentaires.

Il suffit de pousser la porte de l'une des 10 succursales de la chaîne... Popeye (!) pour comprendre toutes les possibilités offertes aux personnes désireuses de prendre du muscle.

Oméga-3, vitamines, créatine, protéines, glutamine, boost de testostérone, pré-workout, tous ces produits dits naturels promettent une silhouette de rêve.

Sur les tablettes, d'énormes contenants de suppléments en poudre font penser à de la nourriture pour animaux. Des images de muscles bombés ornent la plupart des étiquettes.

Lors de notre passage dans la boutique de Laval, nous avons été rapidement pris en charge par un employé, un jeune homme au corps de maître-nageur moulé dans un t-shirt au nom de l'entreprise. Il explique, chaleureux, que la boutique embauche uniquement des passionnés et des gars de gym comme lui-même.

Nous avons demandé à voir des produits de base pour quelqu'un qui commence à s'entraîner plus sérieusement et espère développer de beaux biceps. L'employé nous scrute de la casquette à la semelle des souliers avant de nous proposer différents produits.

Un pot de créatine; un autre, immense, de protéine en poudre, 150 comprimés de multivitamines et une bouteille d'oméga-3 liquide. Facture: 188$, pour quelques semaines.

L'employé assure que tous les produits sont naturels et ajoute que la base demeure une saine alimentation.

Il nous décourage d'ailleurs de recourir à d'autres substances comme les stéroïdes: «J'ai beaucoup d'amis qui en prennent et, même si les résultats sont rapides, les risques pour le foie et la santé font peur. Les gars ne sont jamais satisfaits de l'image que leur renvoie le miroir.»

En retrait, deux très jeunes clients patientent devant la caisse, de gros contenants de protéines entre les mains.

Les spécialistes de la santé décrient ce type de consommation.

«A-t-on besoin de poudre de protéines dans la vie? La réponse est non», tranche Alexandra Bwenge, médecin spécialiste du sport.

Même réaction de la directrice du département de nutrition de l'Université de Montréal, Marielle Ledoux, qui est convaincue que la quasi-totalité des produits achetés dans ces boutiques pourrait être remplacée par une saine alimentation.

«Ce qu'on achète, avec ces produits, dit Mme Ledoux, c'est d'abord un rêve.»