Vivianne Amos est un peu comme une boussole. L'infirmière pivot en oncologie accompagne logistiquement - et moralement - les patients du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) atteints du cancer du poumon ou soupçonnés d'en souffrir.

«Vivianne, c'est la police des rendez-vous», lance candidement Marcelle Desrosiers, 64 ans, l'une des patientes du Centre de navigation du cancer du CUSM. «C'est sur elle que je compte pour savoir ce qui se passe, parce que laissez-moi vous dire que les différents services d'un hôpital, ça ne se parle pas beaucoup. Ce ne sont pas toujours des champions de la communication!»

Bronchoscopies, biopsies, tomodensitométrie, imagerie par résonance magnétique... Visites chez le pneumologue, l'oncologue, le chirurgien, le radio-oncologiste... Devant la succession de spécialistes à voir et de tests à faire, la personne atteinte d'un cancer du poumon se sent souvent dépassée par les événements. Les patients qui traversent ce labyrinthe souffrent souvent d'anxiété en plus du choc émotionnel causé par le diagnostic du cancer.

Le Centre de navigation du cancer du poumon du CUSM porte bien son nom. Plutôt que de laisser les patients seuls à naviguer dans le système de santé comme c'est le cas partout ailleurs, ils sont accompagnés par une infirmière pivot en oncologie. C'est la pierre angulaire du Centre de navigation. Les patients peuvent la joindre au téléphone en tout temps durant la journée pour lui poser des questions. L'infirmière accompagne aussi les patients dans leurs multiples rendez-vous et s'assure de faire le lien entre tous les médecins concernés. Elle peut aussi téléphoner au patient pour prendre de ses nouvelles après une opération ou un traitement.

«J'ai déjà été traitée ailleurs pour d'autres problèmes de santé comme un infarctus, et c'était complètement différent. Les hôpitaux, ce sont des manufactures de saucisses. Les patients sont traités comme des numéros», raconte Marcelle Desrosiers, qui a fumé durant 50 ans avant de recevoir son diagnostic.

Durant l'entrevue, les deux femmes s'échangent des regards complices et rient de bon coeur. Mme Desrosiers est une femme résiliente, elle explique avoir pris le cancer par les cornes. Mais beaucoup d'autres patients arrivent carrément désemparés, prêts à décrocher du système de santé, explique Mme Amos.

«La moitié des patients a besoin d'énormément de soutien, c'est un grand choc émotionnel. Plusieurs d'entre eux sont très âgés et n'ont pas de réseau familial. D'autres ont besoin d'aide pour patauger à travers le système», affirme Mme Amos, qui travaille comme infirmière depuis 11 ans.

L'infirmière pivot est aussi là pour prodiguer des conseils sur la médication, les effets secondaires du traitement et toutes les questions relatives à la santé. Elle sert avant tout à défendre l'intérêt des patients.

«Même avec la mobilisation de toute notre équipe et tous les efforts pour améliorer la communication, il y a toujours des pépins. Je suis là pour m'assurer que personne ne tombe entre les craques.»