Des professionnels de la santé d'un océan à l'autre ont mis sur pied un projet de recherche afin de mesurer les effets des réductions budgétaires du gouvernement fédéral en matière de soins de santé aux réfugiés.

À compter du 1er juillet, Ottawa ne remboursera plus les frais des soins de santé spécialisés, comme les médicaments et les soins ophtalmologiques, pour les demandeurs du statut de réfugié. Certains d'entre eux ne pourront être soignés que s'ils représentent un danger pour la santé publique.

Le groupe Canadian Doctors for Refugee Care affirme que ces coupes pourraient avoir des conséquences mortelles puisque les réfugiés arrivent au Canada avec des problèmes de santé qui sont souvent liés à leurs conditions de vie à l'étranger.

Refuser l'accès à des médicaments pour traiter le diabète ou des problèmes cardiaques menace également la santé des réfugiés, soutiennent les membres de l'organisation.

Si le gouvernement ne veut pas tenir compte de ces risques, les médecins le feront à sa place, a indiqué Canadian Doctors for Refugee Care mercredi.

Les données du système d'évaluation et de surveillance de la santé des réfugiés, baptisé HOMES, seront utilisées pour montrer aux conservateurs l'impact de cette politique décidée sans débat public, ont déclaré les membres du groupe lors d'une conférence de presse.

«Le gouvernement fait du mal à nos patients», a lancé le Dr Philip Berger, chef du service de médecine familiale et communautaire du St. Michael's Hospital à Toronto. «Nous n'arrêterons jamais et nous n'oublierons pas.»

Les conservateurs croient que les gens qui attendent une décision concernant leur demande d'asile ne devraient pas avoir droit à une meilleure couverture en matière de soins de santé que la majorité des Canadiens et encore moins ceux dont la requête sera finalement rejetée.

«Avec cette réforme, nous enlevons également un incitatif pour les personnes qui pourraient être tentées de présenter une demande d'asile frauduleuse au Canada», avait affirmé le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, lors de l'annonce des changements en avril.

«Cette réforme nous permet à la fois de protéger la santé et la sécurité publiques, de nous assurer que l'argent des contribuables est bien dépensé et de défendre l'intégrité de notre système d'immigration.»

Dans un communiqué, le ministère de l'Immigration a invité les médecins à partager avec lui leurs futures découvertes.

«Nous serons toujours intéressés à jeter un coup d'oeil aux études portant sur les conséquences de la refonte du programme sur la santé des réfugiés tant que leur méthodologie sera rigoureuse et que leurs résultats seront basés sur des faits», peut-on lire dans le communiqué transmis par courriel.

La réforme divise les demandeurs d'asile en deux groupes: ceux dont la demande a été rejetée ou qui proviennent de pays jugés sécuritaires et ceux qui sont pris en charge par le gouvernement ou qui sont originaires de pays estimés non sécuritaires.

Les membres du premier groupe ne recevront des soins de santé que pour prévenir ou traiter une maladie représentant un risque pour la santé et la sécurité de la population canadienne alors que ceux du deuxième auront accès à des soins de base. Aucun d'entre eux n'aura droit à des soins dentaires ou ophtalmologiques, à moins que leur problème ne menace la santé publique.

La définition de ce qui pose un risque pour la santé publique sera établie en fonction d'une liste de maladies dressée par l'Agence de la santé publique du Canada, liste qui inclut présentement la varicelle, la tuberculose, la malaria et le sida.

Le gouvernement prévoit que ces modifications lui permettront d'économiser 20 millions $ par année pendant cinq ans.