Les trois grands hôpitaux universitaires de la région de Montréal devront trouver le moyen d'offrir le service de procréation assistée gratuitement. À l'instar des cliniques privées, à qui l'État rembourse maintenant 4600$ plutôt que 7100$ pour chaque cycle de fécondation in vitro (FIV), les établissements publics seront soumis à un prix plafond.

En entrevue avec La Presse, le Dr Jean Rodrigue, sous-ministre adjoint à la Direction générale des services de santé et médecine universitaire (DGSSMU), a expliqué qu'un comité s'est penché sur la FIV et s'est entendu sur un coût unitaire de 4750$ pour les établissements publics. «C'est un peu plus élevé qu'au privé, mais il faut prendre en considération les frais de laboratoire, les ressources professionnelles, l'enseignement et parfois des services de psychothérapie au public.»

Cette donnée entraînera vraisemblablement une révision à la baisse des sommes fournies aux centres universitaires - des sommes qui totalisaient 123 millions dans les plans d'affaires soumis au Ministère. Par exemple, dans le cas du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), le plan d'affaires déposé auprès de l'agence de la santé et des services sociaux, dont La Presse faisait état dans son numéro d'hier, établissait les coûts de fonctionnement à 19,8 millions (pour 4500 FIV en cinq ans). En incluant les coûts de démarrage du programme et l'équipement nécessaire, le total atteint 36 millions.

«C'est bien au-dessus de ce qu'on a accordé au final, précise le Dr Rodrigue. Dans le cas du CHUM, il y a finalement une location des espaces. On peut dire que l'ensemble des coûts remboursés devrait tourner autour de 20 millions.»

En ce qui concerne le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), le Ministère affirme que deux millions ont été accordés jusqu'à maintenant, une information confirmée par l'établissement. Rappelons qu'il était question de 46 millions dans le plan d'affaires soumis à l'Agence.

Enfin, sans réfuter les 40 millions projetés par le CHU Sainte-Justine, on indique au Ministère que le dossier de cet hôpital fait encore l'objet d'analyses.

La directrice générale de l'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), Lise Denis, espère que le gouvernement sera en mesure de respecter le budget annoncé de 63 millions. «Sinon, il faudra aller chercher de l'argent dans d'autres services de santé, craint-elle. Nous, ce qu'on souhaite, c'est que les coûts s'ajustent une fois la période de rodage terminée. Mais l'équation économique est difficile à faire pour le moment. On espère en tout cas qu'il y aura éventuellement un transfert des connaissances de première ligne vers les CSSS.»

Au Parti québécois, la porte-parole en matière de santé, Agnès Maltais, voit dans ces 123 millions de dépenses un «autre signe d'incompétence» des libéraux. «Nous sommes pour le programme, dit-elle, mais on constate encore une fois que les coûts ont doublé, et que le gouvernement a mal évalué», déplore-t-elle. Elle a rappelé qu'en cas de victoire aux prochaines élections, son parti abolirait la «taxe santé».