Les gens qui souffrent d'une maladie pulmonaire chronique ou d'insuffisance cardiaque sont davantage susceptibles d'être réadmis à l'hôpital dans les 30 jours suivant leur congé. Ce retour forcé à l'hôpital, trop souvent par l'entremise des urgences, survient en général dans la semaine qui suit l'hospitalisation, selon une nouvelle étude de l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS).

C'est la deuxième fois en trois mois que l'ICIS se penche sur les réadmissions après une période d'hospitalisation, un sujet embarrassant pour les hôpitaux. Cette fois, l'ICIS brosse le portrait des patients réadmis en soins de courte durée, plutôt que de comparer la performance des hôpitaux ou des provinces.

Ainsi, selon les nouvelles données de l'Institut, plus de 180 000 Canadiens ont dû être réadmis en soins de courte durée peu après avoir reçu leur congé. Cela représente près d'un patient sur dix. Dans l'ensemble, que ce soit pour des soins de courte ou de longue durée, un patient sur douze doit retourner à l'hôpital dans les 30 jours, et le taux de réadmission est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes.

Si les maladies pulmonaires chroniques et l'insuffisance cardiaque arrivent au premier rang des causes de réadmission (deux patients sur cinq), les gens qui ont subi une chirurgie sont aussi touchés. Près d'un patient sur dix (soit 9,3%) qui a été réadmis après une chirurgie l'a été pour une infection postopératoire. «Ces données démontrent l'importance pour les hôpitaux de se garder à jour avec leurs listes de vérification sur la sécurité des patients, explique l'une des chercheuses principales de l'ICIS, Christina Lawand. Pour exemple, la norme d'hospitalisation est de cinq jours pour un remplacement de la hanche. Il y a des risques si c'est plus court, mais aussi si le séjour est plus long, à cause des plaies de lit, etc. Cette étude démontre donc qu'il y a un équilibre délicat à atteindre dans les hôpitaux.»

Le Québec pas si mal

La dernière étude de l'ICIS, qui avait comparé les hôpitaux entre eux, avait démontré que le Québec ne s'en tirait pas trop mal comparativement au reste du pays. Ainsi, au Québec, le taux global de réadmission atteint 8,3%, comparativement à 8,4% en Ontario et à 9% en Colombie-Britannique. La Saskatchewan arrive dernière avec un taux de réadmission de 9,8%.

Évidemment, ces réadmissions entraînent des coûts pour les hôpitaux et grugent des ressources aux urgences, où l'on doit amorcer un second tour d'hospitalisation. Dans l'ensemble du Canada, les 180 000 patients qui ont été réadmis en 2010 auraient coûté 1,8 milliard. Cette somme représente 11% de tous les coûts liés aux soins des patients hospitalisés, en excluant la rémunération à l'acte des médecins.

Afin d'améliorer la situation, plusieurs hôpitaux québécois ont entrepris de dénombrer les patients qui sont réadmis après un premier séjour et, surtout, les causes. Par exemple, à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, dans l'est de Montréal, un comité d'intervention a été mis sur pied il y a 18 mois en collaboration avec les deux CSSS du territoire, dans le but de cibler les gens souffrant d'une maladie chronique.

Le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) s'est aussi penché sur le cas des patients qui reviennent souvent aux urgences. Une stratégie doit être adoptée, mais aucun responsable n'était disponible, hier, pour discuter de la question.