L'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) donne de l'urticaire à une grande centrale syndicale avec son idée d'imposer une formation universitaire à toutes les infirmières pour exercer leur profession. La Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ), qui représente entre autres le personnel infirmier de Laval, a entamé une tournée pour freiner cette proposition qui a déjà été accueillie favorablement par le ministre Bolduc et qui est à l'étude à Québec.

Au cours des derniers mois, la FSQ-CSQ, affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), a sondé 5000 de ses infirmières, tant de niveau collégial qu'universitaire. Il appert que près de 8 infirmières interrogées sur 10 (78%) s'opposent à ce que la formation universitaire devienne obligatoire d'ici cinq ans. Même si seulement 15% des membres ont répondu au sondage maison, la FSQ-CSQ estime que ces résultats sont représentatifs de la majorité.

«On ne remet pas en question les infirmières cliniciennes, mais de là à exiger la formation universitaire il y a un pas à ne pas franchir, a expliqué Claire Montour, présidente de la FSQ. Il y a beaucoup de pression dans le réseau de la santé, au moins une infirmière sur deux est en détresse. Nous croyons qu'il faut plutôt prioriser des investissements dans la formation continue et dans le tutorat. Nous avons assez subi les fusions et les transformations de services.»

À la sortie d'une assemblée avec ses membres, Jean-François Garon, président du Syndicat des infirmières, auxiliaires et inhalothérapeutes de Laval, estime qu'il y a un fossé entre la position de l'Ordre des infirmières et ce qui se passe sur le terrain. «J'ai peur que l'imposition d'un baccalauréat aggrave la pénurie d'infirmières. Plusieurs jeunes du secondaire vont y penser à deux fois avant de s'engager dans ces études en voyant qu'il y a d'autres techniques offertes dans le domaine de la santé, notamment en radiologie.»

Depuis que l'OIIQ s'est prononcé pour une formation universitaire obligatoire lors de son congrès, l'automne dernier, pas moins de 50 associations, hôpitaux, regroupements ou centres de santé et de services sociaux ont donné leur appui à cette idée. L'Ordre fait valoir que le baccalauréat est obligatoire en Ontario, et dans pratiquement toutes les provinces mis à part le Québec.

Excepté les centrales représentant des infirmières bachelières, les autres syndicats ne se sont pas encore positionnés sur la question. Hier encore, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a indiqué à La Presse qu'elle poursuivait sa réflexion.

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En chiffres

66%

Proportion des membres de la FSQ-CSQ qui ne croit pas que la tâche des infirmières sera plus complexe d'ici 10 ans.

82%

Proportion des membres qui ne pensent pas que leur profession serait davantage appréciée avec une exigence universitaire.