Après six ans d'attente, l'hôpital Pierre-Boucher aura enfin sa salle d'intervention afin de soigner les infarctus du myocarde. Les cardiologues devront toutefois attendre encore un an avant d'accueillir leur premier patient. Même si l'hôpital a déjà acheté l'équipement, il vient en effet à peine de lancer son appel d'offres pour l'aménagement du futur local d'hémodynamie à la fine pointe de la technologie. Et les soumissions ne seront pas ouvertes avant la fin du mois.

Au fil des ans, les spécialistes ont prévenu à de nombreuses reprises que leur équipement désuet mettait en péril la vie des patients qui devaient souvent être transférés à Montréal pour être soignés. Puis il y a deux ans, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a enfin annoncé le financement nécessaire à l'installation. Au total, il est question d'une enveloppe d'environ 2,3 millions, dont 1,5 million pour l'appareil dont l'appel d'offres a été remporté par la firme Siemens.

L'autre salle d'hémodynamie de Pierre-Boucher demeurera fonctionnelle, mais seulement pour des cas de dépannage. «Le nouvel appareil a une meilleure qualité d'imagerie et intègre trois techniques pour soigner les infarctus, explique le Dr Michel Jarry, cardiologue et spécialiste en hémodynamie. L'autre appareil a 10 ans. Il fonctionne encore, mais il est comme un vieil ordinateur qui nécessite beaucoup d'entretien.»

Des études du Ministère ont déjà démontré qu'en raison du vieillissement et de la croissance de la population, il faudrait au moins cinq salles d'hémodynamie pour desservir la Montérégie. À Pierre-Boucher, 1500 interventions sont réalisées chaque année, soit 4 ou 5 par jour. À l'heure actuelle, il n'y a donc qu'une salle pour desservir tout le territoire, mais on a annoncé l'aménagement d'une autre salle d'intervention à l'hôpital Charles-LeMoyne.

Afin d'en assurer le roulement, il faudra des cardiologues formés en hémodynamie, et du personnel hospitalier. Dans un contexte de pénurie, le gouvernement prévoit que des cardiologues du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) iront pratiquer à Charles-LeMoyne. En théorie, c'est faisable, mais les cardiologues ne se sont jamais positionnés publiquement en faveur de cette pratique. Le Dr Guy Leclerc, cardiologue et fondateur du Centre cardiovasculaire du CHUM, a déjà déclaré qu'il y a suffisamment de salles d'hémodynamie à Montréal pour répondre à la demande et que ce serait en quelque sorte du gaspillage d'investir sur la Rive-Sud. Hier, la porte-parole du CHUM, Sylvie Robitaille, n'a pas été en mesure de nous mettre en contact avec le spécialiste afin de savoir si sa position a changé.