Le Dr Maurice Gagnon a 76 ans et il a 49 années de pratique active. Tous les matins, il enfile sa blouse blanche et va encore au chevet de ses patients. Il travaille au département des soins palliatifs de la Cité-de-la-Santé de Laval pour accompagner les malades dans leur parcours de fin de vie.

Dans l'après-midi, selon les jours, il voit un ou deux patients dans son cabinet à la maison, parfois trois, explique-t-il. Et il ne manque pas d'aller visiter les Soeurs de l'Immaculée-Conception, une communauté vieillissante qui a besoin de soins. «Je peux prendre une heure à lire un dossier si je veux, je ne suis pas pressé. Ce n'est pas comme dans les cliniques, je n'ai pas à voir 20 patients par jour.»

L'omnipraticien au bagage impressionnant a exercé 15 ans au service des urgences de l'hôpital du Sacré-Coeur. Ensuite, il a suivi des femmes enceintes et pratiqué des accouchements durant 25 ans. Il estime qu'il a mis au monde au moins 3000 bébés. «Tranquillement, je me suis tourné vers la gériatrie, et maintenant, je suis aux soins palliatifs. Je suis à l'autre bout du cycle de la vie», a-t-il raconté à La Presse.

Selon le Dr Gagnon, il est tout à fait normal que le Collège des médecins soumette les médecins âgés à des inspections. «Ça m'est déjà arrivé, dit-il. Un médecin examinateur a passé une journée à l'hôpital avec moi, à éplucher mes dossiers pour voir si tout est en ordre. Il a aussi passé une journée à mon cabinet. On m'a demandé de détailler mes lectures et les formations auxquelles j'ai assisté.»

Il partage aussi l'avis de l'Ordre au sujet de l'importance de ne pas s'isoler dans sa pratique. «Nous sommes une équipe de cinq médecins, avec un pharmacien, un psychologue, un travailleur social aussi. Chaque semaine, nous avons une rencontre pour discuter de nos patients. Ça nous permet d'échanger sur notre approche.»

S'arrêter? Le Dr Gagnon n'y songe même pas. «Ma mère a 100 ans et elle va bien. La médecine fait partie de mon mode de vie. Je ne travaille que 20 ou 25 heures par semaine, pour le plaisir. Je ne vois pas pourquoi je m'arrêterais.»