Un composé aux propriétés antifongiques et antibactériennes présent dans plusieurs produits courants, allant du dentifrice aux jouets, est néfaste pour l'environnement mais sans danger pour les humains.

Santé Canada et Environnement Canada suggèrent ainsi que l'industrie réduise la quantité de triclosane qu'elle utilise et ce, sur une base volontaire. La proposition concerne surtout les produits de soins d'hygiène personnelle qui se retrouvent souvent ensuite dans les lacs et les rivières.

Le rapport préliminaire - effectué dans le cadre de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement -, a été publié vendredi dans la Gazette du Canada, marquant ainsi le début d'une période de consultations publiques de 60 jours. On recueillera alors les réactions de la population à ce rapport de 137 pages, et mettant sur pied un plan de gestion des risques.

Le docteur Paul Gully, de Santé Canada, a expliqué que l'étude ne fournissait aucune preuve quant à un effet direct sur la santé des humains. Du côté d'Environnement Canada, le docteur Robert Chénier a indiqué que les quantités de triclosane rejetées étaient suffisantes pour entraîner des conséquences sur l'environnement et la biodiversité.

Le triclosane est ajouté à de nombreux produits d'utilisation courante, notamment les savons liquides, les désinfectants pour les mains, les produits de beauté, les détersifs pour la lessive et les pesticides.

Certains s'étaient inquiétés qu'un usage répandu du composé puisse déclencher un dérèglement hormonal, ou encore entraîner une résistance antimicrobienne pouvant générer de puissants microbes.

«Il n'existe aucune preuve, dans toutes les données examinées par Santé Canada en Amérique du Nord et en Europe, entre autres, qu'il y ait un effet direct sur la santé des humains», a souligné le Dr Gully.

Il a précisé que les consommateurs pouvaient réduire leur empreinte écologique en prenant le temps de lire les étiquettes sur les produits contenant du triclosane, et se tourner vers des produits alternatifs le cas échéant.

Le Dr Gully a par ailleurs souligné que la période de consultations publiques constituait une occasion, pour les chercheurs, de recueillir de nouvelles informations - incluant toute preuve de résistance antimicrobienne -, ce qui pourrait influencer la décision finale du gouvernement.

Des groupes écologiques ont déclaré souhaiter l'abolition du composé, mais ont ajouté être satisfaits de la «bonne» voie choisie par le gouvernement.

Maggie MacDonald, du groupe Environmental Defence, a souligné que les conclusions tirées par certaines études sur les effets du triclosane sur les animaux - notamment des interférences dans la reproduction -, devraient inciter les scientifiques à approfondir leurs recherches sur les impacts pour les humains.

«Nous avons un manque à combler dans la recherche sur le sujet, et ce manque est considéré comme rassurant, mais ce ne devrait pas être le cas. Nous devrions trouver les réponses à ces questions», a-t-elle avancé.

La dernière étude critique d'Ottawa à propos du triclosane remonte à l'année 2000. On y indiquait que l'industrie en avait importé 54 000 kilogrammes cette année-là.