Les agences de la santé représentent une dépense «totalement inefficace» et devraient disparaître. Dans un numéro spécial de son magazine publié hier, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) critique sévèrement la gestion du réseau de la santé et estime qu'il faut «sortir de la cacophonie administrative dans laquelle le système baigne actuellement».

Dans ce numéro spécial de la revue Le Spécialiste, la FMSQ soutient que les 18 agences de santé et de services sociaux de la province n'ont plus leur raison d'être, car elles n'apportent «aucune plus-value au réseau».

»Un échec total»

Les agences devaient au départ permettre une décentralisation des pouvoirs du ministère de la Santé vers les régions et permettre aux citoyens de prendre des décisions sur les services offerts localement. Mais cette mission «est un échec total», dit le président de la FMSQ, le Dr Gaétan Barrette. La preuve: les conseils d'administration des agences sont aujourd'hui composés d'une vingtaine de personnes, dont seulement deux élues par la population. Les autres sont nommées par le ministre, note la FMSQ.

Le ministère de la Santé passe aussi dans le collimateur de la FMSQ, qui estime que «l'organigramme maintes fois montré en (mauvais) exemple pour la multiplication de ses directions, services et organismes-conseils doit être sérieusement allégé». «Tous les efforts de gestion doivent être dirigés vers les services à la population», estime le Dr Barrette, qui souligne que la «double structure des agences et du ministère de la Santé» coûte 600 millions de dollars par année.

La FMSQ souhaite également que les médecins jouent un plus grand rôle dans la gestion de la santé. «Quand on y pense, c'est incroyable que les médecins ne soient pas plus impliqués dans la gestion du réseau alors que le produit à livrer, c'est des soins», dit-il.

Le Dr Barrette souligne qu'alors que le gouvernement fédéral veut limiter les transferts aux provinces en santé, le Québec doit faire un virage radical dans sa gestion. «Il va falloir gérer serré, ce qui n'a jamais été fait au Québec, dit-il. Le réseau doit aussi être imputable.»

Pas de commentaires

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, n'a pas voulu «commenter une revue». «Mais il s'est demandé si ça a été écrit par la FMSQ ou par un candidat de la CAQ (Coalition avenir Québec) de François Legault», affirme l'attachée de presse du ministre, Natascha Joncas-Boudreault.

«Il s'agit d'une position de la FMSQ. Croyez-moi, si j'avais voulu faire une plateforme électorale, elle aurait été pas mal plus incisive que ça!», réplique le Dr Barrette.

La directrice générale de l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), Lise Denis, estime pour sa part qu'il ne faut pas abolir les agences. «Ce serait un retour en arrière, dit-elle. Mais il faut revoir les rôles et responsabilités du Ministère, des agences et des établissements pour alléger le tout.»