Le chirurgien orthopédiste Nicolas Duval, qui s'est fait connaître pour avoir été l'un des premiers spécialistes à désavouer le système public québécois en choisissant le privé en raison des listes d'attente en chirurgie, risque d'être radié de la profession pour un mois.

Le Dr Duval a plaidé coupable, hier matin, devant le syndic du Collège des médecins du Québec, à des accusations de négligence en lien avec le diagnostic tardif d'un cancer osseux. Le patient a été emporté par le cancer en 2010. Il était âgé de 48 ans. Sa famille a aussi entamé des poursuites au civil.

Le patient, dont le nom ne peut être révélé, avait pour la première fois consulté le Dr Duval à sa clinique privée de Laval, le 24 août 2007, pour une douleur à un genou. L'orthopédiste avait diagnostiqué une bursite-tendinite de la patte d'oie et avait recommandé un test d'imagerie par résonance magnétique. Jusque-là, rien à redire sur le travail du Dr Duval. Mais c'est à la lecture des résultats démontrant une atteinte à la structure des os et un possible lymphome que les problèmes ont commencé, a-t-on expliqué.

Une annonce tardive

Selon la plainte qui a été reçue par le conseil de discipline du Collège, le Dr Duval aurait d'abord négligé d'entrer en contact avec le radiologiste afin de discuter des anomalies rapportées dans le premier rapport de résonance magnétique, fait le 3 décembre 2007. Il aurait ensuite négligé, entre le 4 décembre 2007 et le 14 mai 2008, donc sur une période de près de six mois, de questionner son patient sur ses symptômes et de lui faire passer un examen plus poussé dans les plus brefs délais. Le patient n'a appris qu'en juin 2008, à la suite d'un autre examen de résonance magnétique, qu'il était atteint d'un cancer osseux très agressif.

À ce sujet, l'avocat du chirurgien, Me Marc Dufour, a expliqué que le Dr Duval avait interrogé son patient sur ses symptômes, mais qu'il «aurait pu aller plus loin». Quant aux conséquences dans le retard diagnostique, l'avocat ne s'est pas prononcé, mais il a expliqué que le type de cancer dont le patient souffrait était très agressif, donc invasif. Il a aussi invoqué des circonstances atténuantes, en expliquant que le Dr Duval est conscient de ses actes, qu'il a entrepris une réflexion et qu'une récidive est peu probable. Il en est à sa première faute.

Le Dr Duval s'est fait connaître dans les médias pour ses positions très critiques à l'égard du système public, notamment au sujet du peu de temps alloué en bloc opératoire à cause du manque de ressources. Grâce à la méthode du travail à la chaîne, il a déjà affirmé avoir été en mesure de procéder dans sa clinique privée, en 2006, à 500 mises en place de prothèses de la hanche et du genou. Il y a un an, il a aussi fait l'objet d'un reportage à l'émission La facture, de Radio-Canada. Une patiente avait porté plainte en vain contre lui devant le Collège des médecins du Québec pour d'extrêmes complications à la suite d'une opération aux deux hanches. L'opération lui a coûté 31 000$. Elle a dû se faire réopérer, cette fois au public, à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.