La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) juge irréaliste l'objectif d'un médecin de famille pour chaque Québécois d'ici 2016, tel qu'énoncé par le ministre Yves Bolduc dans une entrevue à La Presse Canadienne.

La Fédération fait valoir qu'il faudrait un ajout net de plus de 1100 médecins en cinq ans, soit 220 par année, pour arriver à cet objectif. Son président, le docteur Louis Godin, se demande d'ailleurs comment le ministre Bolduc peut contester le fait qu'il manque toujours plus de 1000 omnipraticiens au Québec puisque les données de son propre ministère le confirment.

Le docteur Godin note qu'au rythme actuel, il faudrait près de 10 ans pour atteindre l'objectif fixé par le ministre et non cinq. En 2011, l'ajout net d'omnipraticiens n'a été que de 135, soit bien en deçà des 220 requis pour en arriver au nombre voulu. De plus, 51 postes d'omnipraticiens n'ont pas trouvé preneur cette année, ce qui signifie que les ajouts n'arrivent même pas à combler des besoins encore plus modestes que ceux visés par le ministre.

En fait, au cours des cinq dernières années, seulement 1525 des 1818 postes disponibles en médecine familiale ont été comblés, le manque à gagner représentant des étudiants qui ont décidé soit de se spécialiser, soit d'aller travailler ailleurs qu'au Québec.

Le docteur Godin se dit par ailleurs surpris d'entendre le ministre Bolduc affirmer que 75 pour cent des Québécois ont un médecin de famille et qu'il est faux de prétendre que 2 millions n'en ont pas. Le président de la Fédération rappelle au ministre qu'avec 8 millions d'habitants, une couverture à 75 pour cent signifie que 25 pour cent n'ont pas de médecin, ce qui équivaut bel et bien à 2 millions de citoyens.

La Fédération conteste également l'affirmation du ministre de la Santé selon laquelle la moitié des étudiants en médecine choisissent la médecine familiale, alors que c'est le ministère lui-même qui fixe les proportions et que celles-ci sont présentement à 45 pour cent des postes en médecine familiale et 55 pour cent en spécialité.

Le docteur Godin qualifie de très ambitieux et de grosse commande l'objectif d'un médecin de famille par Québécois d'ici cinq ans. Selon lui, pour espérer s'en approcher, il faudrait que plus de la moitié des étudiants en médecine choisissent la médecine familiale, que leurs tâches dans les hôpitaux soient réduites ou à tout le moins contrôlées, que l'organisation du travail soit revue et que les besoins de soins n'augmentent pas, ce qui semble peu réaliste dans un contexte de vieillissement de la population.

Il précise que la Fédération est tout à fait en faveur d'un tel objectif, mais ajoute que cela ne lui paraît pas plus réaliste pour autant.