Les nucléistes du CHUM qui réclament l'annulation de la fusion de leur service à celui de la radiologie seront entendus par le tribunal. La Cour supérieure a rejeté la requête en irrecevabilité du centre hospitalier universitaire qui soutient qu'elle a pris une décision de «gestion», donc légale.

Ce feuilleton a commencé il y a plus d'un an, quand le conseil d'administration du CHUM a décidé à huis clos de fusionner le service de médecine nucléaire et celui de la radiologie, et de nommer un radiologiste à la tête du nouveau service. Après de nombreuses mises en demeure, une dizaine de nucléistes se sont regroupés pour faire casser la décision devant le tribunal.

Essentiellement, les nucléistes soutiennent qu'ils n'ont pas été consultés par la haute direction, pas plus que les radiologistes, ce qui irait à l'encontre de la Loi sur les services de santé et les services sociaux. Afin de soutenir leur requête pour faire renverser la décision de fusionner les services, ils ont démontré, lettres à l'appui, que leurs demandes de consultations sont restées sans réponse. Selon eux, cette fusion marquera un retour aux années 70 en médecine nucléaire.

L'audi alteram partem

Dans son jugement rejetant la requête en irrecevabilité du CHUM, le juge Pierre Journet reprend une expression chère à Bernard Landry dans la foulée du débat des chefs aux élections de 2003: «Audi alteram partem (entends l'autre partie - NDLR)». En clair, le juge estime qu'il faut appliquer la règle d'équité dans ce processus, ce qui signifie qu'il juge qu'il revient au tribunal de déterminer s'il y a eu violation des droits des nucléistes avec cette fusion forcée.

Depuis que le conseil d'administration du CHUM a décidé de fusionner les deux services, au moins quatre spécialistes ont décidé de partir pour pratiquer ailleurs, notamment à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Cet automne, La Presse a révélé que ces départs entraînent tous les jours des annulations d'examens diagnostiques pour le cancer (Tep-CT) à l'Hôtel-Dieu. La direction du CHUM s'est engagée à redresser la situation dans les plus brefs délais.

À la direction du CHUM, on a expliqué qu'aucun commentaire ne serait fait puisque la cause est devant le tribunal. Les nucléistes n'ont pas non plus réagi. Interrogé à ce sujet, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a dit qu'il s'agissait d'une décision interne et qu'il n'avait pas l'intention d'intervenir. Quant aux examens diagnostiques annulés, il estime que ce genre de transformation organisationnelle engendre souvent des «perturbations qui ne devraient être que passagères».