Les pharmaciens du Québec obtiendront aujourd'hui les pouvoirs qu'ils réclament depuis le printemps. Le ministre de la Santé Yves Bolduc serait parvenu, après des discussions très serrées avec le Collège des médecins du Québec, à accorder aux pharmaciens de nouveaux pouvoirs dans cinq champs de pratique, a appris La Presse.

Selon nos informations, le gouvernement déposera donc ce matin un décret permettant aux pharmaciens d'adapter ou de renouveler une ordonnance, d'administrer certains médicaments, de demander et d'interpréter des analyses de laboratoire. Ils pourront également prendre en charge certains problèmes de santé mineurs, mais selon certaines conditions très strictes.

La présidente de l'Ordre des pharmaciens du Québec, Diane Lamarre, avait fait valoir ses demandes au printemps dernier, en soutenant que dans le contexte où environ une personne sur quatre n'a pas de médecin de famille, ces pouvoirs accrus représentent une solution pour soulager le réseau de la santé. Le ministre Bolduc s'était immédiatement montré favorable aux demandes des pharmaciens et s'était engagé à tout mettre en oeuvre pour convaincre les médecins du bien-fondé de ces pouvoirs accrus.

Après les pharmaciens, les infirmières?

Jusqu'à tout récemment, toutefois, le Collège des médecins du Québec était fermé à l'idée de permettre aux pharmaciens de demander et d'analyser des tests de laboratoire. La direction du Collège de même que la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), voyaient aussi d'un très mauvais oeil l'idée de leur permettre de soigner des problèmes de santé mineurs, comme des infections urinaires ou des problèmes cutanés.

Cette ouverture de Québec aux pharmaciens risque fort de faire réagir l'Ordre des infirmiers et infirmières du Québec, qui réclame depuis des années la mise en place des ordonnances collectives. Récemment, la présidente de l'Ordre, Gyslaine Desrosiers, expliquait à La Presse que la résistance provenait non pas du gouvernement, mais des pharmaciens. Et elle envisage elle aussi de demander des pouvoirs de prescription.