Les techniciens ambulanciers pourront bientôt procéder à des trachéotomies dans les cas d'étouffements graves, à des intraosseuses ou administrer divers médicaments dans des situations critiques. Après des années de pourparlers, le gouvernement du Québec annoncera d'ici peu que les ambulanciers en soins primaires du Québec peuvent prodiguer des soins avancés moyennant une formation universitaire, a appris La Presse.

Dans la foulée, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, donnera donc son aval à une formation universitaire de deux ans en soins préhospitaliers avancés. Cette formation de 60 crédits, dont le programme a déjà été soumis au gouvernement, sera offerte par l'Université de Montréal et chapeautée par la faculté de médecine. La première cohorte estimée à une trentaine d'étudiants devrait être en mesure d'y faire son entrée en 2013.

Les médecins collaborent

Loin d'être en désaccord avec l'idée d'accorder des pouvoirs accrus aux ambulanciers, le Collège des médecins du Québec a jeté les bases de ces soins avancés en en traçant le cadre. Ainsi, selon le décret qui est sur le point d'être adopté par Québec, un ambulancier en soins avancés devra obligatoirement être en communication constante avec un médecin lorsqu'il procédera à une trachéotomie ou à d'autres traitements critiques.

Les techniciens ambulanciers ont depuis quelques années l'autorisation de prodiguer des soins primaires : utilisation d'un défibrillateur semi-automatique lors d'une réanimation cardiorespiratoire, intraveineuse, ventilation, ou administration d'adrénaline lors d'une allergie grave. Mais avec ces nouveaux actes, c'est toute la profession qui montera d'un cran. D'ailleurs, la formation de base, l'équivalent d'un professionnel long, est appelée à disparaître d'ici quelques années.

En attendant que la nouvelle certification soit sur les rails, une douzaine d'ambulanciers reçoivent déjà une formation en soins avancés de concert avec l'Université de Montréal et l'hôpital du Sacré-Coeur. Il s'agit d'une sorte de projet-pilote. Le directeur médical régional, services préhospitaliers et mesures d'urgence, le Dr Dave Ross, explique qu'on exigera des futurs ambulanciers en soins avancés un stage pratique aux urgences d'un hôpital, en bloc opératoire, de même qu'en inhalothérapie. Il ajoute qu'il y aura une portion « terrain » d'au moins 400 heures.

« Les étudiants qui seront admis devront se soumettre à des entrevues théoriques et pratiques, précise-t-il. Ils devront aussi posséder une certification particulière et avoir démontré les capacités. C'est tout un nouveau pan de la profession qui est en train de s'ouvrir. »

Un ordre professionnel

Le président du Syndicat des ambulanciers Montréal-Laval, Réjean Leclerc, estime que la prochaine étape sera de former un ordre professionnel pour mieux encadrer la profession. Afin d'y parvenir, le ministère de la Santé a déjà créé un registre pour répertorier tous les ambulanciers et leurs compétences. Une nouvelle certification est aussi prévue tous les quatre ans.

Au bout du compte, le syndicat aimerait aussi que les ambulanciers puissent avoir des pouvoirs de triage comme pour les infirmières aux urgences. Mais à ce sujet, Claude Desrosiers, directeur de la qualité des soins chez Urgences Santé, croit qu'il faut plutôt espérer une meilleure collaboration avec le réseau de la santé, notamment avec les directions des établissements pour personnes âgées.

« Il y a des responsabilités dans tous les champs de pratique. Je ne suis pas certain qu'on puisse aller jusque-là. »